Publié le Vendredi 9 septembre 2022 à 12h00.

La mobilisation paie, et doit se poursuivre à l'hôpital de Guingamp

Le service public hospitalier nous appartient : il n’est ni à l’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne ni aux décideurs politiques !

Début juillet, c’est avec une certaine délectation que le NPA a vu s’effondrer le château de cartes mis en place par l’ARS autour de la mission Rosetti. Il était évident pour n’importe quel militant syndical ou politique que le scénario proposé par l’expert Rosetti1, fût-il affublé de la pompeuse marque du « Ségur de la santé », allait soulever des oppositions. Elles furent rapides, et la mobilisation importante — comme il y a quatre ans autour de la maternité.

Un pas en avant, deux pas en arrière ?

Le dispositif unitaire et la dynamique créée autour de la « Coordination santé du pays de Guingamp » ont permis de mobiliser de manif en manif au-delà du personnel du centre hospitalier. Les éluEs eux mêmes, surtout en période électorale, ne pouvaient accepter de voir fermer deux services vitaux pour la population : le bloc chirurgical ouvert 24/24 h et la maternité. Isolé politiquement, le député LREM sortant Yannick Kerlogot a fini par sombrer, et il restait à la candidate de la Nupes à cueillir le fruit mur de la 4e circonscription.

Et, cerise sur le gâteau, courant juillet, Noël Le Graet, président de la Fédération française de football et guingampais (ex-maire PS de la ville), annonçait que Macron lui avait consenti la faveur de ne pas fermer la maternité. On navigue en plein vaudeville… L’annonce de ce scoop par un acteur complètement extérieur au sujet sentait le désamorçage, le rétropédalage et la bérézina politique. Et, à ce moment-là, aucune annonce officielle de l’ARS. Même les « renseignements territoriaux », incrédules, téléphonaient à des syndicalistes pour se persuader que ce n’était pas un gag. Avec une phrase savoureuse dans la bouche d’un policier : « finalement la politique, c’est simple comme un coup de fil ! »

Puis, au mois d’août, l’ARS tempérait et reprenait la main, affirmant que la mission Rosetti était une simple étude de scénario, que la partie du rapport concernant Saint-Brieuc et Lannion était validée mais que la situation guingampaise devait faire l’objet d’un travail complémentaire et surtout de plus de concertation, ­notamment avec les éluEs.

En filigrane,dans son communiqué, l’ARS maintient le doute en remplaçant le mot maternité par « centre périnatal » et le sort de la chirurgie se dessine toujours autour du seul objectif de l’ambulatoire. Pour décoder le langage administratif : l’ARS garde le rapport Rosetti mais sans le dire et elle espère que la mobilisation des derniers mois retombe.

Maintenir la pression

Avec les personnelEs du centre hospitalier, les usagerEs, la population, avec toutes les organisations qui se battent pour un hôpital de plein exercice, il reste à construire dans la durée une riposte avec des mobilisations multiformes.

Quand bien même les annonces de Macron au président de la FFF relèveraient du « fait du prince », nous ne boudons pas le plaisir d’avoir fait reculer l’ARS, d’avoir contribuer au « licenciement » du député En Marche Kerlogod.

Mais il ne faudrait pas que ce succès soit dilapidé dans la pseudo concertation entre l’État et les éluEs locaux, qui vantent déjà les vertus du dialogue social que doit mettre en œuvre la Première ministre Borne dès ce mois de septembre. Or chacun sait que « ce n’est pas dans les salons que nous aurons satisfaction »….

  • 1. Lire « Mission Rosetti, un travail de démolition », l’Anticapitaliste hebdo n° 582, 16 septembre 2021.