Pour cause d’austérité et d’impréparation, enfermé dans ses mensonges sur l’inutilité des masques et des tests, le gouvernement a dû imposer un confinement général pour casser la première vague de Covid-19. Nous l’avons payé au prix fort, avec plus de 30 000 morts, le développement des violences conjugales, des troubles psycho-affectifs, des inégalités sociales, notamment face à l’école, sans parler de la crise économique.
Le virus n’est pas moins dangereux
Depuis la fin du confinement, toujours avec un temps de retard, les mesures gouvernementales courent après la remontée du virus, qui est en « croissance exponentielle » selon Santé publique France. 17 départements sont en situation de vulnérabilité élevée. Cette recrudescence ne s’accompagne pas de celle des décès, mais le virus n’en est pas moins dangereux. Il se développe aujourd’hui dans une tranche d’âge où les complications sont moins fréquentes, et les plus fragiles sont plus masqués, et c’est très bien. Tout cela risque de n’avoir qu’un temps, comme l’attestent les neuf décès dans l’EHPAD les Sablons, ou le début de remontée des hospitalisations en réanimation. Les tranches d’âge ne sont pas étanches. D’autant qu’avant même l’apparition des épidémies automnales, le système de tests est saturé, les résultats rendus parfois avec trois jours de retard. Comment alors organiser quatorzaine et traçage ? Quant aux tests salivaires, aux résultats en moins d’une heure, souvent les seuls possibles chez les enfants et ceux, nombreux, qui refusent les tests par écouvillonnage, il ne sont toujours pas homologués.
« L’école n’est pas prête »
Tout l’été, la télévision a montré des jeunes ne respectant pas les mesures barrières. Pourtant, selon Santé publique France, c’est en milieu professionnel que la hausse a été la plus forte. Elle représentait 20 % des clusters en mai, mais plus de 43 % début août. Il aura pourtant fallu attendre le 1er septembre pour que le masque s’impose en entreprise. Patron maître chez lui !
La rentrée des classes se fait avec un protocole hyper allégé, où finalement le masque est la seule obligation à partir du collège. Tout le reste est facultatif, à l’appréciation de la hiérarchie, et surtout des contraintes des classes surchargées, des personnels et des locaux insuffisants. Dans une tribune au Parisien, un collectif de médecins semble donner raison aux revendications syndicales sur la gratuité des masques, les embauches massives pour dédoubler les classes, faire raccrocher les élèves en difficulté, abandonner la réforme des lycées qui met fin aux « groupes classes » et favorise le brassage scolaire : « À quelques jours de la rentrée, l’école n’est pas prête : port du masque, aération des espaces, enseignement à distance, allègement des effectifs des classes, rien de tout cela ne sera mis en place le 1er septembre ». Ils proposent de « distribuer les masques dès 6 ans, comme la Suisse, la Grèce et l’Italie ». Dans les zones de forte circulation virale, ils souhaitent « un allègement des classes en alternant présentiel et enseignement à distance, une limitation des contacts entre les classes, un échelonnement des récréations et de la cantine ». Leurs propositions « s’inspirent de l’Italie et du Portugal qui ont organisé des classes de petits groupes d’élèves en réquisitionnant des locaux et en recrutant des enseignants, du Danemark qui a limité le nombre d’élèves à 12 par classe ».
Exigences sanitaires et démocratie
Avec le Ségur de la santé, les personnels ont été augmentés. Mais quasiment aucun poste n’a été créé. Les respirateurs sont passés de 7 000 à 12 000, mais les personnels médicaux sont fatigués, souvent démotivés. Seront-ils en nombre suffisant pour les mettre en œuvre ? Pas d’espoir de vaccin avant 2021, et pas de nouveau traitement anti-viral efficace. Ce qui s’est surtout amélioré, ce sont les techniques de réanimation, l’usage rapide d’oxygène à fort débit, les anticoagulants systématiques face aux risques vasculaires et les corticoïdes à très fortes doses au moment de l’orage inflammatoire. De quoi faire baisser la mortalité en réanimation, qui pouvait atteindre jusqu’à 40 %.
Les masques, les mesures barrières sont indispensables. Nous sommes sommés d’obéir… ou de payer une amende. Mais jamais l’idée ne viendrait au gouvernement de donner un rôle, un pouvoir, aux associations, aux syndicats pour faire de la prévention adaptée en direction de leur milieu. Toujours la même conception autoritaire et policière de la société, qui nourrit la propagande des anti-masques et les thèses complotistes. Exigences sanitaires et démocratie, auto-organisation, pouvoir des salariéEs dans les entreprises, pouvoir sur nos vies doivent se conjuguer pour être réellement efficaces.