Après Leclerc, c’est au tour de Carrefour de rappeler des sachets de haricots verts contaminés. Un peu avant, il s’agissait de lots de camemberts du Calvados, ou encore de fromages de chèvre de la marque Hardy Laffineur. En novembre dernier, quatorze infections à la salmonelle dues à du reblochon en Haute-Savoie avaient été constatées…
Ces épisodes ne font pas toujours la « Une » des grands journaux. Mais ils s’enchaînent et, mis bout à bout, témoignent bien d’un manque de rigueur dans le contrôle sanitaire des produits alimentaires.
« L’auto-contrôle »… plus autonome que contrôlé
Toutes les grandes entreprises, de Volkswagen à Sanofi, bidouillent leurs résultats pour en obtenir des plus favorables. Et quand le scandale éclate, on se rend compte de l’ampleur du phénomène : la commission d’enquête dans le cadre du scandale Lactalis, où 36 nourrissons ont été atteints de salmonellose, pointait l’insuffisance des auto-contrôles. Ceux-ci se font par le biais de laboratoires souvent liés à une seule entreprise – Lactalis représentait 90 % du chiffre d’affaire de son laboratoire de contrôle. Des ancienEs salariéEs ont ainsi rapporté la pression que Lactalis mettait sur ce laboratoire : généralement, plusieurs tests sont effectués jusqu’à ce que les résultats soient favorables. Ces salariéEs faisaient aussi part du « deux poids, deux mesures » qui règne au sein des laboratoires entre les petites entreprises et les grosses – bien sûr au bénéfice de ces dernières.
La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme
Dans un rapport récent, la Cour des comptes alerte sur les contrôles dans le secteur de l’alimentation, notant le peu d’évolution depuis 2013. Le manque de personnel des ministères chargés des contrôles sanitaires explique le faible taux de contrôles : en moyenne, un restaurant n’est contrôlé que tous les 15 ans. Mais le rapport pointe aussi la complexité de l’administration, avec trois instances chargées du contrôle (ministère de l’Économie, ministère de la Santé et ministère de l’Agriculture). Enfin, et surtout, les entreprises alimentent peu le financement des contrôles.
Notre santé doit être garantie
Bref, le contrôle sanitaire dans l’agro-alimentaire ne peut pas être laissé directement ou indirectement aux mains des industriels, ni même d’une administration déficiente. La population doit avoir un droit de regard sur les conditions dans lesquelles s’effectuent la production et la distribution des produits alimentaires.
Selma Timis