Au cours de cette période de fêtes, trois drames ont endeuillé l’hôpital. La tragédie des familles qui vivent la perte d’un proche est encore plus douloureuse quand elle s’accompagne de l’idée qu’il aurait pu être sauvé.
Une erreur ou un « dysfonctionnement » à l’hôpital peut très vite devenir un drame humain. Chaque soignant le sait et vit en permanence avec cette inquiétude, sachant aussi, par expérience, que tout professionnel, même le mieux formé et le plus consciencieux, est toujours à la merci d’une erreur. À ce titre, la garde à vue de l’infirmière de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris), consécutive à la mort du petit Yliès, visant à jeter en pâture une « responsable » à une opinion sous le coup de l’émotion, est inacceptable et scandaleuse.
Un véritable service public a pour vocation de permettre que la défaillance individuelle ou la déficience d’un service puissent être évitées par un fonctionnement collectif, des moyens suffisants et des conditions de travail satisfaisantes. Or, par leur politique de restriction des moyens et de transformation de l’hôpital en « entreprise rentable », Sarkozy et sa ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, font sauter une à une toutes les sécurités, et ils créent toutes les conditions pour que se multiplient les drames.
Seuls le grand professionnalisme et la responsabilité des hospitaliers permettent de conserver à ce jour une qualité et une sécurité de soins pour les 8,5 millions de personnes qui passent chaque année à l’hôpital. Responsables et coupables, Sarkozy et Bachelot le sont quand, en organisant la fermeture des services d’urgence de chirurgie et des maternités des hôpitaux de proximité, ils allongent délibérément les délais pour accéder à des soins, saturant un peu plus les services des grands établissements.
Responsables et coupables, quand ils imposent comme premier objectif à l’hôpital le « retour à l’équilibre budgétaire » par « l’accroissement de la productivité », le travail à flux tendu et la polyvalence généralisée. Qui osera prétendre qu’un professionnel, après huit voire douze heures de travail ininterrompu et de pressions constantes imposées par le « management », ne risque pas une défaillance, voire une erreur grave ? Responsables et coupables, quand, en réduisant le nombre de lits des établissements hospitaliers, dont un sur quatre a été supprimé depuis 1981, ils créent l’asphyxie des services, à commencer par les urgences (lire ci-dessous).
Ils sont d’autant plus responsables et coupables qu’ils entendent poursuivre et aggraver cette politique dans les mois qui viennent, avec les plans de « retour à l’équilibre » des hôpitaux (suppressions massives de postes) et la loi « Hôpital, patients, santé et territoires », dite « loi Bachelot ». Pour que les morts de cette fin d’année ne l’aient pas été en vain, par respect pour eux, il y a urgence à se mobiliser, afin de permettre à l’hôpital public et à ses professionnels de continuer à dispenser des soins de qualité et de proximité en toute sécurité.