Publié le Vendredi 30 juin 2023 à 20h00.

Politiques des drogues : où est passé le ministère de la Santé ?

En déplacement à Marseille cette semaine, Macron fait ce qu’il sait faire le mieux : de la politique spectacle, en particulier sur la politique des drogues, vue comme d’habitude sous un angle uniquement répressif.

Constatant l’échec de l’AFD (amende forfaitaire délictuelle), le pouvoir macroniste en rajoute une couche. Le taux de recouvrement de cette amende, qui frappe en priorité les jeunes, les étrangerEs et les précaires, est particulièrement mauvais ! Macron a la solution : équiper les flics de terminaux de paiement en carte bleue pour inciter les usagerEs à régler l’amende sur le champ. Cerise sur le gâteau, il sera également possible de régler en espèces l’amende de 200 euros, avec toutes les dérives qu’on peut imaginer… 

Le grand absent de la séquence, c’est le ministère de la Santé, qui a définitivement abandonné la politique des drogues au ministère de l’Intérieur, comme s’il ne s’agissait pas d’abord d’un problème de santé publique.

Mobilisation des acteurs de la réduction des risques

Pendant ce temps les acteurEs culturels et associatifs marseillais et les professionnelEs du secteur de l’addictologie se mobilisent via une tribune dans Libération pour réclamer l’ouverture d’une HSA (Halte soins addictologie) à Marseille. Une urgence, au vu de la multiplication des scènes ouvertes où les usagerEs s’injectent dans des conditions déplorables.

Au niveau national, c’est un « Collectif pour une nouvelle politique des drogues », réunissant acteurEs de la réduction des risques, LDH et Syndicat de la magistrature qui vient de déposer une proposition de loi visant à la dépénalisation de l’usage des drogues, disponible à signature sur le site de l’Assemblée nationale. Une initiative à soutenir même si, comme pour la dissolution de la BRAV-M, elle a peu de chances d’aboutir.

Il est en effet temps de changer de logiciel et de passer de la vision répressive qui prévaut depuis la loi de 1970 à une véritable politique de réduction des risques qui permette d’articuler prévention, accès au soin et déstigmatisation des usagerEs, dans le pays d’Europe qui présente le nombre d’usagerEs le plus important, en premier lieu pour le cannabis.