Publié le Vendredi 14 avril 2023 à 16h00.

Procès des politiques de santé… Des personnels, pas des fermetures !

Avec Daniel Mermet pour président, avec des témoignages tour à tour émouvants, précis ou drôles, le procès contre les politiques de santé, tenu par plus de 40 organisations le 6 avril, a condamné Emmanuel Macron à mettre en œuvre un plan d’urgence pour la santé pour toutEs !

À l’initiative du collectif Notre Santé en danger, les témoignages accablants s’enchainent à la Bourse du travail. Parmi d’autres, citons ceux de Véronique Pupier de la fédération des orthophonistes, contre les déserts sanitaires, d’Anissa Amini de Sud Santé-Sociaux qui dénonce les conditions de travail et d’accueil dans les Ephad, de Patrick Pelloux de l’Amuf (Association des médecins urgentistes de France) sur le naufrage des urgences, de Saphia Guereschi de la FSU qui dévoile les inégalités sociales de santé construites dès l’enfance, vues de l’Éducation nationale, de Roselyne Leverrier des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité qui dénonce le rapport Ville — lequel propose de fermer une centaine de maternités de proximité —, de Laurent Laporte de l’UFMIC-CGT qui défend notre Sécurité sociale ou de Nora Tenembaum de la Cadac (Coordination des associations pour la défense de l’avortement et de la contraception) qui dévoile les difficultés d’accès à l’IVG et la contraception. 

Près de 1 000 personnes ont suivi ce procès sur les réseaux sociaux, en défense des 17 propositions du texte commun « Santé, nous vous accusons ». 

« Si vous n’êtes pas content, vous n’avez qu’à manifester à plus de 8 000 comme à Carhaix contre la fermeture de la maternité, pour l’abandon du rapport Ville qui veut fermer plus de 100 maternités de proximité, à Lure du 12 au 14 mai en défense des services publics, à manifester devant le Parlement, en septembre, au moment où se vote le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale ». Un conseil de l’avocat de Macron qui ne doit pas tomber dans l’oreille d’un sourd ! D’autant qu’avant même de connaître l’avenir du rapport Ville sur les maternités, on enregistre des fermetures ou suspensions à Porto Vecchio, Sedan, Sarlat, Guingamp, Ganges…

Urgence à réintégrer les suspendus non vaccinés

Autre combat. Après l’avis favorable de la Haute Autorité de santé, le ministre de la Santé a annoncé la réintégration des soignantEs non vaccinés contre le covid-19, suspendus sans salaire depuis 18 mois. On aurait envie de dire « Enfin ! » Entre vaccination et contamination, la quasi-totalité de la population a aujourd’hui été en contact avec le covid. Et si les vaccins ont sauvé des milliers de vies, leur efficacité sur la baisse des transmissions s’est érodée, avec l’émergence de variants ­toujours plus contagieux.

Le NPA avait fait le choix de défendre la vaccination, mais nous avons aussi ajouté qu’après les mensonges gouvernementaux sur les masques, les multiples affaires de santé (Mediator, Dépakine…), une autre voix que l’obligation vaccinale et les pass sanitaires était possible et nécessaire. 

Pour convaincre et fournir des vaccins à toute l’humanité, et pas seulement aux pays riches, il fallait lever les brevets des trusts, casser le lien entre vaccins et finance, à la base de tous les soupçons. Pour convaincre, il fallait lever le mépris de classe qui fait monter le refus vaccinal dans les services, à mesure qu’on descend dans la pesante hiérarchie hospitalière. Pour convaincre, il fallait en finir avec le scandale du chlordécone et le mépris colonial, qui a fait exploser le refus vaccinal aux Antilles. 

Autoritarisme et manque de personnel

Une obligation vaccinale qui a détourné du débat essentiel : comment aller vers ceux que le système de santé laisse sur le bord du chemin ? C’est-à-dire les personnes âgées isolées, les plus précaires, les territoires sans-médecins, les plus fragiles face au covid, et souvent les moins vaccinéEs.

L’autoritarisme, le pass vaccinal, les suspensions, voilà leur politique. La santé communautaire avec les usagerEs et les personnelEs, les vaccins bien communs du monde avant la santé financière des Pfizer et Moderna, voilà ce que nous avons défendu. Après plus de 500 jours sans traitement, des équipes fracturées et un secteur de la santé malmené par la crise, bien peu reprendront le chemin des services, qui manquent pourtant cruellement de personnel. Cela aussi fait partie du bilan de la gestion autoritaire du covid !

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