Depuis 25 ans les gouvernements successifs s’acharnent à détruire et à démanteler petit à petit l’hôpital public. Il est aujourd’hui au bord du gouffre. La situation de la psychiatrie, parent pauvre de l’hôpital, est encore pire.
Au CHU de Toulouse les professionnels des urgences psychiatriques alertent depuis des années : trois mouvements de grève depuis 2019, de nombreuses procédures de danger grave et imminent déposées par les représentantEs du personnel. En 2022 ceux-ci écrivaient : « Nous avons atteint un point de non-retour, si rien n’est fait, nous nous retrouverons face à des drames, voire à des morts ». Durant toutes ces années la direction de l’hôpital et celle de l’ARS d’Occitanie se sont contentées d’affirmer leur mépris allant jusqu’à traiter les grévistes de preneurs d’otages.
Des patientEs à l’abandon, le personnel traumatisé
Dans la nuit du 10 au 11 février, une patiente contentionnée a été agressée sexuellement par un autre patient. Cette même nuit, une autre a été violée dans les toilettes du hall des urgences. La direction du CHU s’est empressée de communiquer sur le fait que les effectifs « étaient au complet », comprendre c’est la faute à pas de chance. Le 14 février un patient s’est donné la mort aux urgences psychiatriques. Il attendait une place depuis 10 jours sur un brancard dans un bureau de consultation. Depuis les 2/3 de l’équipe sont en arrêt maladie, traumatisés.
Face à cette série noire la direction de l’ARS et le ministère n’ont pas pu garder le silence, et nous avons alors assisté au défilé des hypocrites. « On ne savait pas », « je n’ai jamais vu ça », « il faut agir ». La situation était dénoncée par les personnels depuis des années, à Toulouse comme ailleurs. Le manque de places d’hospitalisation dans le secteur public est criant, et les cliniques trient leurs patientEs à l’entrée, ne prenant quasiment aucunE patientE hospitaliséE sous contrainte, et préférant évidemment celleux muniEs d’une mutuelle pouvant les payer, et de préférence avec une pathologie pas trop lourde. Chaque semaine le taux d’occupation des urgences psychiatriques atteint plusieurs fois 200 % voire 250 %. Ces patientEs restent alors sur des brancards, dans des bureaux, en attente d’une place, pendant de longs jours.
Construire le rapport de forces
Nos directions enchaînent désormais les belles paroles, mais nous ne sommes pas dupes, et nous savons que ces paroles ne seront suivies de réels effets que grâce au rapport de forces. Pour recruter dans les hôpitaux, la solution est simple : améliorer les conditions de travail, avec une réduction du temps de travail à 32 heures par semaine, augmenter réellement les salaires, financer les études des personnels paramédicaux.
Le ratio lits publics/lits privés en Haute-Garonne est intolérable : 400/1 100. Nous demandons la nationalisation de ces cliniques privées, ainsi que la création de trois nouveaux secteurs de psychiatrie afin de répondre aux besoins de la population.
Encore une fois nos directions se retrouvent avec du sang sur les mains. Il est urgent d’agir, nous sommes toutes et tous concernéEs.
Pauline Salingue