Alors qu’au mois de février dernier plusieurs drames s’étaient succédé au CHU de Toulouse aux urgences psychiatriques : viol, agression sexuelle et suicide d’un patient, les agentEs de l’hôpital sont à nouveau consternéEs par le suicide d’un patient hospitalisé.
Celui-ci s’est donné la mort après avoir fugué de l’hôpital dans la nuit du 6 au 7 novembre. Alors que « plus rien ne devait être comme avant », force est de constater qu’à nouveau les services de psychiatrie étaient surchargés, que des patients se retrouvaient dans des services inadaptés et que cela a malheureusement contribué à ce nouveau drame.
Le lendemain, plusieurs soignantEs ont été convoqués et accusés à demi-mot d’avoir leur part de responsabilité dans ce drame.Ceci est inacceptable alors que de nombreux hospitalièrEs dénoncent depuis des années leurs conditions de travail et les conditions d’accueil des patients.
Alors que depuis des mois des dizaines de réunions ont eu lieu à l’ARS (agence régionale de santé), sur le terrain la situation reste catastrophique au quotidien. Cela devait malheureusement arriver car il n’y aura pas de solutions sans bouleversement d’ampleur dans le service public de la santé et de la psychiatrie.
Des moyens pour bien soigner !
La solution de la crise actuelle ne doit pas être : plus de moyens pour le privé et moins de lits pour le public… 75% des lits de psychiatrie à Toulouse sont déjà privés.
L’ARS Occitanie et la direction du CHU de Toulouse avaient refusé un plan d’urgence pour la psychiatrie publique de 15 millions d’euros en 2019 avec création d’un neuvième secteur public. Depuis les drames se sont succédé. Les cellules de crise mises en place n’aboutissent qu’à renforcer l’offre privée sans réelle augmentation du nombre de lits et effectifs supplémentaires pour la psychiatrie publique.
Défendre et étendre le service public
Les solutions existent : rouvrir tous les lits de psychiatrie fermés au CHU et à l’Hôpital Marchant par le recrutement massif de personnel. Pour cela, versement de toutes les primes, notamment de risque, existantes et suppression de la taxe sur les salaires (entre 300 et 500 euros d’impôts prélevés chaque mois sur chaque salaire d’hospitalierEs) ; renforcer les équipes de psychiatrie du CHU grâce à 39 ETP supplémentaires immédiatement ; passer de 10 ETP à 25 ETP dans les CMP (centre médico-psychologique) ; créer immédiatement le 9e secteur de psychiatrie publique, puis rapidement le 10e et 11e secteur en nationalisant des cliniques privées, c'est-à-dire en les intégrant au service public de psychiatrie (elles sont déjà financées par la Sécurité sociale). La bataille pour un service public de santé mentale continue !
Pauline Salingue