Publié le Mardi 5 janvier 2021 à 14h48.

Un début de vaccination en forme de fiasco

Fiasco, c'est le qualificatif qui revient le plus souvent pour décrire le début chaotique de la vaccination en France, qui avance à pas de tortue, faute d'organisation et d'anticipation.

Alors que le virus faisait 257 morts par jour, que la France dispose de 500 000 doses de vaccins, seules 352 personnes avaient été vaccinées au 31 décembre, dix jours après le feu vert de l'Agence européenne du médicament pour le vaccin Pfizer-Biontech. Un exemple ? Alors que depuis des mois la Haute Autorité de santé affirme que les résidentEs en EHPAD seront les premierEs vaccinéEs, rien n'a été anticipé pour recueillir leur accord ou celui de leur famille. Ce qui fait froid dans le dos quand on sait que 817 clusters étaient en cours d'évaluation dans les EHPAD au 3 janvier ! Et que les morts dans les EHPAD, c'est plus de 40% de la mortalité Covid en France…

Un rapport bénéfices/risques pourtant positif

Mais plus profondément, on a un gouvernement qui est tétanisé sur le problème de la vaccination. Il fonctionne de manière autoritaire, liberticide, par la peur du gendarme, sur le Covid comme sur le reste. Mais il sait qu'en matière de vaccination, cela marche encore moins que sur tout le reste, après l'échec de la vaccination H1N1 et ses experts sous influence de Big Pharma, qui ont fait exploser la défiance. Il a dû enregistrer l'impossibilité d'une obligation vaccinale, et c'est tant mieux. Mais il est dans l'incapacité d'organiser un large consensus autour de la balance bénéfices/risques des vaccins anti-Covid.

Du côté des bénéfices… Une efficacité de 95% contre le Covid, qui a déjà fait 1,8 million de morts dans le monde, 65 000 morts rien qu'en France, avec probablement seulement 10% de la population touchée. On a vite fait le sombre calcul des morts à venir, quand on sait qu'il faut plus de 60% pour obtenir la fameuse immunité collective. On voit là tout l'intérêt de vaccins efficaces, sûrs, aux effets potentiels limités et socialement acceptés pour épargner des millions de vie, notamment celles des plus fragiles. Sans parler de l'espoir de revivre, d'en finir avec les couvre-feux qui réduisent nos vies à la production des profits. Du côté des risques, lors des essais cliniques, deux chocs anaphylactiques chez des malades hyperallergiques connus. Les hyperallergiques sont donc actuellement exclus de la vaccination. Et quatre paralysies faciales, dans les 3 à 48 jours après le vaccin, le plus souvent régressives en une semaine. Chaque année la France compte 15 000 paralysies faciales de ce type, le plus souvent d'origine virale. Donc un rapport bénéfices/risques clairement positif.

Mais pour rétablir la confiance en France, il faudra bien plus que des chiffres dans des revues scientifiques. Il faut couper les ponts entre les experts et les laboratoires, qui sapent la confiance, développer une expertise citoyenne et indépendante, une pharmacovigilance, c’est-à-dire un suivi des vaccinéEs, indépendante. Le pouvoir est bien en peine de s'orienter dans cette direction, laissant l'espace libre aux anti-vaccins. Le mouvement ouvrier, les associations, en lien avec les scientifiques indépendants, devraient donner de la voix, pourquoi pas avec une grande délibération publique, critique, avec un jury citoyen, pour défendre la perspective de vaccins sûrs, efficaces, fournis gratuitement à toute la population mondiale.