Premières actions au Vinatier à Lyon, fin avril, à Paris et Toulouse, début mai : une nouvelle vague se lève. Depuis, pas un jour, pas une semaine sans l’annonce d’une mobilisation des hospitalierEs, dans le social et le médico-social, ou aussi de celles et ceux qui prennent soin de nos aînéEs. Et la psychiatrie n’est pas en reste.Les annonces de Macron à propos d’une médaille, d’un défilé le 14 Juillet, et l’ouverture du Ségur de la santé, une imposture, tout juste conçue pour dévoyer la colère qui monte, traduisent tout le mépris de ce président et de son gouvernement pour l’engagement sans faille mais sans protections des agentEs des services publics, à commencer par celui de la santé.
Rassemblements et manifs aux quatre coins du pays
À Tours, le 27 mai, devant l’Agence régionale de santé (ARS), en interpro, 200 manifestantEs sont rejoints par tous les syndicats et collectifs qui donnent plusieurs rendez-vous pour élargir la mobilisation d’ici au 16 juin, date nationale. À Caen, le 23, une centaine de Gilets jaunes se rassemblent devant l’hôpital, sans l’appui des syndicats qui peinent à organiser la résistance et la mobilisation locale du 16 juin. Du côté des hôpitaux d’Île-de-France, les « JedisColère » se multiplient et mobilisent les hospitalierEs par centaines. Initiés à Robert-Debré dont la première sortie date du 1er Mai, ils comptent aujourd’hui Tenon et la Pitié-Salpêtrière. En Seine-Saint-Denis, mobilisations à Delafontaine, Avicenne, René-Muret… Mondor et Charles-Foix dans le Val-de-Marne, Beaujon dans les Hauts-de-Seine… À Quimper, la casserolade Sud-CGT du 28 mai a réuni salariéEs de l’hôpital et usagerEs, les encourageant à prendre rendez-vous, avec le comité de défense des hôpitaux de proximité et la délégation des Gilets jaunes pour préparer le 16 juin. Le même jour à Besançon, aux portes de l’hôpital, répondant à l’appel de Sud, 300 manifestantEs, soignantEs et usagerEs mêlés. À Bordeaux, le 26 et les jours suivants, à l’appel des syndicats, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant les hôpitaux de la ville et à Libourne. L’intervention d’étudiantEs venus apporter le soutien de la jeunesse n’est pas passée inaperçue. Mardi 26 à l’hôpital d’Alençon, plus de 50 manifestantEs pour les Mar(re)dis de la colère.
Extension... et répression
Du côté du « Travail social en lutte », le confinement n’a pas été un obstacle à poursuivre le renforcement de ce cadre d’auto-organisation qui regroupe équipes syndicales combatives et collectifs, du social et du médico-social. Vingt départements étaient représentés lors des sept réunions dématérialisées et deux meetings incluant des interventions interpro qui ont ponctué cet épisode de crise sanitaire. Le dernier acte est un appel national au 16 juin.
Du côté des EHPAD du groupe Korian, la mobilisation du 25 mai a mis en mouvement au moins 80 établissements sur tout le territoire et, première victoire, a arraché une prime de 1 500 euros à un groupe privé qui a dissimulé aux familles la vérité sur la santé de leurs proches dont 600 sont morts. Cela n’empêche pas le leader sur le marché de l’or gris de verser plus de 70 millions de dividendes à ses actionnaires. Les salariéEs qui ne lâchent rien se sont donné rendez-vous à Paris, le 16 juin.
Mais vite oubliéEs les héros portés aux nues hier, le vieux monde est de retour. Des procédures disciplinaires, au Rouvray, hôpital psychiatrique près de Rouen, visent des agentEs opposés à des décisions de leur administration qui ont mis en danger personnel et patientEs. Tandis qu’à Robert-Debré, les forces de l’ordre sont venues au contact des hospitalierEs, leur barrant le passage vers l’entrée de l’hôpital, un comble !
Il est impossible de recenser ici toutes les initiatives qui essaiment partout en France et renforcent la vague, qui s’amplifie dans la perspective du 16 juin. Et pourtant, tant sur la forme que le fond, cette date ne fait pas encore l’objet d’une préparation résolue. Le Collectif Inter-hôpitaux comme l’intersyndicale nationale restent l’arme au pied et tardent à prendre l’initiative. Montée nationale, manifestations régionales, locales ? La coordination des hôpitaux en lutte est plus que jamais d’actualité !