La veille de l’AG du Collectif inter-urgences (10 septembre), Buzyn annonçait son plan de 750 millions sur 3 ans pour désengorger les urgences, pensant sans doute enrayer un mouvement qui a survécu à l’été et fait tâche… d’huile en France, 252 services à ce jour. C’est plutôt raté !
Une des « 12 mesures clés » préconise la généralisation des parcours dédiés aux personnes âgées. 50% des admissions sont déjà des entrées directes de ville et évitent un passage aux urgences ! Le seul frein à cette généralisation, c’est le manque cruel de lits ! Les fermetures massives de structures ont diminué drastiquement la possibilité d’hospitaliser, ce qui se manifeste par une augmentation des passages aux urgences, et des heures infinies sur des brancards. Buzyn ne répond pas au problème et méprise l’une des principales revendications du collectif.
Aucune réponse sur les effectifs
Une autre mesure annonce « un service d’accès aux soins », SAS, par téléphone ou internet, pour répondre à toute heure à la demande de soins. C’est réinventer le SAMU avec 340 millions d’euros dépensés inutilement et pris sur d’autres services, car les 750 millions seront pris sur le budget existant de l’hôpital, alors qu’il faudrait l’augmenter.
Buzyn annonce la création de 50 maisons médicales de garde pour « renforcer l’offre de consultation médicale sans rendez-vous ». Cette MMG existent déjà. Mais qui ira y travailler ? Les médecins partis de l’hôpital et mieux rémunérés dans les MMG ?
Le système hospitalier ne repose que sur les professionnelEs de santé, sur leur dévouement. Aujourd’hui, ils et elles, paramédicaux et médicaux, sont épuisés et dégoutés, et Buzyn ne répond en rien sur le besoin d’effectifs supplémentaires. Ce n’est pas la création de protocoles de coopération, qui élargiront les compétences aux infirmières, qui vont enrayer les démissions en rafale de médecins, la pénurie de gériatres, d’urgentistes et le désenchantement des soignantEs.
Extension du mouvement à touTEs les hospitalierEs
Les 3 revendications sont pourtant claires : 300 euros de revalorisation salariale, des effectifs augmentés, l’arrêt des fermetures de lits ou de structures, voire la réouverture si besoin. Ces revendications qui étaient, avant l’AG du 10 septembre, portées par le personnel des urgences, sont aujourd’hui élargies à l’ensemble des hospitalierEs. Le collectif a établi qu’après 6 mois de grève, il n’y a que les urgences de l’AP-HP qui ont gagné en moyenne 230 postes et 156 euros mensuels, ainsi qu’un « one shot » de 250 euros cet été, les autres grévistes, sur le reste du territoire, n’ayant reçu que 100 euros et un ou deux postes par établissement, voire… zéro.
L’AG du collectif à laquelle participaient des déléguéEs de toutes les régions de France, des pompiers, des collègues de la psychiatrie, de la gériatrie, des médecins, la Coordination nationale de défense des maternités et hôpitaux de proximité et quelques syndicats CGT, FO, la fédération SUD, appellent touTEs les hospitalierEs à élargir la lutte dans la perspective d’une initiative nationale. Une Gilet jaune venue de Belleville et un représentant de l’inter-gares ont apporté leur soutien.
Les médecins rejoignent le mouvement
Les médecins de l’Association des médecins urgentistes de France demandent aux médecins urgentistes de se déclarer grévistes dans les services déjà en grève. L’AMUF s’associera à toutes les actions prévues par le collectif comme les rassemblements locaux prévus le 26 septembre.
L’intersyndicale Action praticien hôpital appelle chaque médecin, pas seulement urgentiste, à rejoindre les actions prévues par le collectif, localement et nationalement.
Les représentantEs des médecins de l’APHP soutiennent les demandes des services d’urgences. Ils et elles « demande[nt] que les mesures annoncées pour répondre à la crise des urgences soient intégralement financées sans être imputées au budget actuel des hôpitaux ».
Rapport de forces à construire
L’urgence est à des embauches massives, des augmentations des salaires, la réouverture de lits d’hospitalisation, le rétablissement de l’obligation de garde des médecins de ville, instaurer des règles d’installation sur le territoire. Bref, rien ne justifie la division ou l’attentisme contre la politique de santé de ce gouvernement, auquel il faut imposer l'augmentation de l'ONDAM, c’est-à-dire le budget de la santé adopté annuellement à l'Assemblée nationale, qui devrait être portée à 8% pour être à la hauteur des besoins sanitaires de la population. L’urgence est à l’unité la plus large.
CorrespondantEs