La pandémie de Covid-19 n’est pas finie que déjà la variole du singe sème ses incertitudes.
La variole du singe, ou Monkeypox, est un virus à ADN, donc assez stable, cousin de la variole sans en avoir la gravité. C’est une zoonose, avec un réservoir animal constitué de petits rongeurs, concentrée dans deux foyers en Afrique de l’ouest et du centre. Les cas connus, surtout du groupe Nigeria, responsable de la diffusion actuelle, guérissent naturellement au bout de trois semaines, la gravité semblant cantonnée aux enfants, femmes enceintes et immuno-dépriméEs. Il faut des contacts physiques étroits avec la peau infectée ou ses résidus, ou un contact respiratoire étroit pour attraper la maladie, peu contagieuse. Elle n’a jamais pu déclencher de véritable épidémie en Afrique.
Accélération de l’émergence de nouvelles pandémies
La double nouveauté, c’est l’émergence de cas de variole du singe sans notion de voyage dans les pays d’endémie, loin de tout réservoir animal connu, et la possibilité plus grande de transmission inter-humaine, qui semble probable au vu de sa rapide diffusion à de nombreux pays. L’information du public et des professionnels de santé, pour repérer et isoler les cas, sans stigmatiser une communauté comme au début du VIH – la moitié des cas documentés étant des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, est essentielle pour essayer d’étouffer la poussée épidémique à son début. La vaccination des cas contacts pose le problème de la disponibilité vaccinale et de la balance bénéfice-risque. Le vaccin, vivant atténué, de troisième génération, présente beaucoup moins de risques que les anciens vaccins, et peut être utilisé chez les immuno-dépriméEs.
Comment ne pas être frappé par l’accélération de l’émergence de nouvelles pandémies ? Depuis le VIH en 1981, nous avons connu Zika et Covid-19, mais aussi Nipah, Ebola, Sras, Mers, Chikungunya ou grippe porcine H1N1. À chaque fois il s’agit de zoonoses, de virus issus de la faune sauvage, qui rompent la barrière d’espèce et arrivent à se diffuser à l’homme, puis entre les humains. Or les zones de grande biodiversité qui abritent ces virus sont agressées à une vitesse incroyable par la mondialisation capitaliste, alors qu’un processus d’urbanisation accélérée et sans contrainte de santé publique, mais aussi de mondialisation accélérée des échanges de marchandises, de travailleurEs, de touristes, d’animaux sauvages ou d’élevage… favorise leur diffusion ultra-rapide.
La mondialisation capitaliste en question
La destruction massive et rapide des dernières grandes forêts, souvent pour laisser place à la monoculture de palme ou la culture extensive de bétail de l’agro-capitalisme, favorise la proximité entre humains et animaux réservoirs : ainsi du virus Nipah chez les cueilleurEs d’arbres à palme, qui abritent maintenant les chauves-souris fructivores, auparavant cachées dans les profondeurs des forêts). Dans le même temps, le réchauffement climatique, avec ses feux de forêt et les sécheresses, et les échanges commerciaux favorisent les changements de territoire des animaux hôtes : chauves-souris porteuses d’Ebola au Congo, qui migrent vers l’Afrique de l’Ouest pour y déclencher l’épidémie de 2014 ; émergence d’une forme hémorragique de dengue par diffusion-superposition des quatre types de virus ; transport de moustiques tigres dans des vieux pneus venant d’Asie du Sud-Est ; 43 cas de Monkeypox aux USA en 2003 après l’achat de chiens contaminés par des rats de Gambie en animalerie. L’effondrement de la biodiversité élimine des espèces qui ne pouvaient pas héberger ou transmettre à l’homme certains pathogènes. Cet effet de dilution est aujourd’hui en danger. Personne ne connait l’avenir du Monkeypox. Chaque épidémie a son mécanisme d’émergence. Mais toutes plongent au cœur de la mondialisation capitaliste.