Publié le Mercredi 14 mai 2014 à 22h45.

15 mai : entre colère et attentisme

Pour la journée d’action nationale dans la fonction publique du jeudi 15 mai appelée par l’ensemble des syndicats de salariéEs, ce ne sont pas les motifs qui manquent de se mobiliser...

Les cadeaux du gouvernement au patronat rendent incontournable des attaques brutales contre l’ensemble des services publics. L’objectif est d’ailleurs clairement annoncé : 50 milliards d’économies frappant des secteurs essentiels pour la vie de toutes et tous, et notamment de toutes celles et ceux pour lesquelles les services publics, de l’État aux collectivités territoriales, sont essentiels.

La continuité des attaques contre le service publicAu programme du gouvernement pour les trois prochaines années, la poursuite de la Modernisation de l’action publique (MAP), sinistre recyclage de la Révision générale des politiques publiques  sarkozyste (RGPP), synonyme de suppression de milliers d’emplois. Une réforme qui signifie dégradation des conditions de travail et remise en cause de l’accès égal à des services publics de qualité. Avec en « bonus » une déclaration de guerre qui devrait fédérer les colères : le gel de la valeur du point d’indice... jusqu’en 2017. La seule perspective est l’ouverture de négociations autour des questions des parcours professionnels, carrières et rémunérations. (PPCR). Des négociations encore plus bidon dans la mesure où la ministre Marisol Touraine ne disposera d’aucune marge de manœuvre.

Un attentisme certainDans cette situation, la journée du 15 mai est une échéance qui doit permettre de vérifier la volonté des personnels de s’opposer à la politique gouvernementale. Mais si les attaques sont sévères, bien des contradictions traversent les rangs des salariéEs de la fonction publique. Ces fonctionnaires tant décriéEs par la droite constituaient jusqu’à récemment une des bases électorales les plus solides des gouvernements de gauche et des bastions de principaux syndicats. Par sa politique tellement semblable à celle de la droite, la gauche de gouvernement a contribué au lâchage de son électorat et au désarroi revendicatif. De même, les tergiversations syndicales, faites de dialogue social, de critiques modérées, voir de soutien aux réformes (dans l’éducation nationale), ont désarmé des équipes militantes subissant des retours sceptiques des salariéEs. Et les échecs des mobilisations sur les retraites, contre le Pacte de compétitivité, font encore hésiter les personnels à s’engager dans un affrontement prolongé.

Dépasser doutes et hésitationsLa journée s’annonce donc comme une étape test dans la construction des mobilisations contre le pacte de responsabilités et ses conséquences. Évidemment la multiplications des dates de mobilisations dans les différents secteurs ne facilite pas les convergences : 17 mai marche pour la culture, 22 mai mobilisation des cheminotEs, 3 juin manifestation des retraitéEs. Pourtant des volontés de convergences se manifestent. Les manifestations de ce jeudi s’inscrivent, dans des villes comme Marseille, Rouen ou Toulouse, dans des processus qui lient l’unité d’action à une opposition claire à la politique gouvernementale. La fédération métallurgie CGT a placé son « temps fort » d’une semaine de mobilisation à la visibilité faible, ce jeudi. Le « virus » de l’unité et du combat contre le gouvernement inoculé par la mobilisation du 12 avril et la construction de ses suites n’est pas totalement étranger à ces initiatives. Ce sera d’ailleurs aussi un test pour les organisations CGT de la fonction publique fortement engagées dans la construction du 12 avril, et qui se trouvent dans le collimateur de la direction confédérale qui ne se résout toujours pas à s’engager dans une opposition résolue au gouvernement. C’est avec l’objectif de la réussite de cette journée que les militantEs du NPA se sont inscrits dans sa préparation et ont œuvré pour que les équipes militantes, tous syndicats confondus la construisent. L’opposition à la politique du gouvernement, que nous défendons aussi dans le cadre des élections européennes, doit trouver maintenant un ancrage véritable dans les mobilisations.

Robert Pelletier