Vendredi 12 juillet, le train express Corail Paris-Limoges a déraillé à grande vitesse en gare de Brétigny-sur-Orge. Cet accident, le plus grave depuis 25 ans, a fait 6 morts et plus de 60 blessés.Si Hollande et Ayrault ont immédiatement défilé sur les lieux pour verser une larme, Valls s’est une fois plus distingué en déployant un imposant dispositif dit de sécurité, provoquant des heurts et ordonnant brutalement à la population de dégager.De longues enquêtes seront nécessaires pour déterminer pourquoi une éclisse, pièce de liaison d’un aiguillage, s’est désolidarisée du rail. Pour les cheminots, le doute n’est pas permis : ce sont la vétusté des infrastructures et le manque de moyens pour assurer l’entretien du matériel qui sont en cause.
Décomposition des services publicsLa libéralisation du transport ferroviaire a conduit depuis 1991 à la séparation des différentes activités pour rechercher une rentabilité prenant peu en compte la sécurité des personnels et des usagers. Sa mise en œuvre par les gouvernements de droite et de gauche qui se sont succédé depuis a conduit à une grave détérioration du réseau. L’administration de Réseau ferré de France (RFF) reconnaît l’usure des rails. L'âge moyen des lignes nationales est passé de 15 ans en 1990, à 20 ans en 2005. Près de 20 % des lignes sont jugées obsolètes, 60 % seront inutilisables à l’horizon 2025. Beaucoup de trains sont vétustes avec une majorité de trains Corail de plus de 30 ans. Les usagers du chemin de fer constatent depuis des années la dégradation continue du réseau : pannes à répétition, retards quotidiens sur certaines lignes. Le nombre de kilomètres nécessitant de rouler à vitesse réduite en raison de l’état des infrastructures a doublé en cinq ans.
Les cheminots dénoncent la difficulté croissante d’assurer correctement la maintenance et le contrôle du matériel. Alors que le trafic est en croissance, les cheminots sont de moins en moins nombreux : 10 000 emplois ont été supprimés depuis 2007, et plus de 1 800 nouvelles suppressions d’emploi sont prévues, entraînant la dégradation des conditions de travail et les atteintes à la santé des cheminotEs. Ces 5 dernières années, 22 cheminotEs se sont suicidéEs sur leur lieu de travail, 26 autres en dehors.
Le transport ferroviaire est victime de la même politique que le système de santé, la poste ou les télécoms. Transformés en clients, les usagers paient de plus en plus cher pour un service toujours dégradé. La réorganisation envisagée par le gouvernement va dans le même sens. En juin, la forte mobilisation des cheminotEs contre cette réforme montre que la riposte est possible. Les usagers devront s’associer à cette bataille du rail pour un service public de qualité et la sécurité des usagerEs et des salariéEs.
Robert Pelletier