Les agents territoriaux des trois collectivités, Grand Auch, Auch, CIAS1, sont en grève et occupent la mairie depuis le 14 novembre. Cette « tension » sociale exceptionnelle ne se limite pas comme veut le faire croire le service communication du Potentat Auscitain à l’application des recommandations de la Chambre régionale des comptes aux collectivités de se mettre en conformité avec la loi des 35 h.
Les sources du conflit sont plus complexes.
Temps de travail, la goutte d’eau qui fait déborder le vase !
“35 h ce doit être 35 h et non 33,6” déclare M. Montaugé.
Il semble découvrir en 2016 une pratique vieille de trente ans qu’il applique depuis 2008. Celle du « tu travailles moins, tu gagnes moins ». Et pour cause. La méthode de calcul des 33,6 h (moyenne des 800 agents) intègre :
- les congés ancienneté (un jour pour cinq ans d’ancienneté) système mis en place pour éviter l’augmentation de salaires individuelles
- les jours mobilité correspondant à la suppression des ponts des jours fériés liée à la continuité des services publics.
Mais elle ne tient pas compte :
- des services du dimanche non compensés
- des nécessaires disponibilités demandées dans le cadre de la vie
- des événements locaux.
La Cour des comptes fait dire ce qu’elle veut aux chiffres dans un climat très politique de préparation des esprits.
Dans la réalité les 35 h sont respectées.
Un système de dupes ! Perdant, gagnant.
Perdant pour les agents qui sont victimes de ce système. Le calcul des montants des retraites se fait sur le salaire et non sur les jours de congés obtenus !
Gagnant pour l’employeur qui, lui, bénéficie de la baisse de la masse salariale et limite ses charges sociales employeurs !
Qui abuse du système ?
Les nouveaux régimes statutaires
Un vieux dicton gascon entendu sur les marchés nous prévient :
“Certains mentent tellement que nous ne pourrions même pas les croire s’ils disaient le contraire !”
Mis en place en 2017, les nouveaux régimes statutaires vont modifier les notions de qualifications professionnelles au profit des fonctions. La polyvalence accrue en sera une des conséquences. Aujourd’hui 80 % du personnel est classifié en catégorie C, la plus basse de la fonction publique et territoriale. Les salaires nets sont autour de 1 200 euros. Seul un système de prime permet de gagner 1 400 euros net après quinze ans d’ancienneté. Et c’est bien ce calcul de prime qui va changer. Elles pourront varier annuellement selon le mérite. Cette réforme sera une aubaine pour le clientélisme. Le Maire assure ne rien changer localement.
Quelle confiance accorder à ce qu’il dit aujourd’hui et ce qu’il fera demain avec sa conception de la mise en conformité avec la loi ?
Ruptures de contrat : les nouveaux esclavagistes !
10 % du personnel sont en grande précarité d’emploi du fait du système des « arrêtés ». Des contrats renouvelables allant de un jour à plusieurs mois sont établis et cela sans restriction de nombre ni de durée. Des agent•e•s sont dans cette situation depuis plus de dix ans.
La fonction publique et la territoriale s’autorisent par la loi ce qui est interdit même dans le privé.
Autoritarisme, désinformation, nouvelle gestion socialiste !
Après avoir voté l’état d’urgence au Sénat, puis la loi Macron et la loi Travail grâce au 49.3, M. Montaugé décline localement cette politique des reculs des droits légitimes des travailleurs par l’augmentation du temps de travail, la précarisation de l’emploi et des salaires. Ce n’est pas un hasard si le « Républicain » Tabarin, soutient en Conseil municipal le dossier du « Hussard » Montaugé.
Valls et Montaugé ont les mêmes pratiques du passage en force. J’annonce, je fais discuter service par service (diviser pour mieux régner), je fais voter et avaliser par un conseil municipal discipliné. Grève lundi, rencontre avec les syndicats prévue un vendredi après midi ! Seule la puissance du mouvement qu’il n’avait pas anticipée l’a obligé à rencontrer les syndicats puis les grévistes mercredi à 20 h 30 pour répéter en boucle la même petite musique :
“Faites 80 h de plus par an !… Je ne sais pas le nombre d’heures réelles faites… Je ne sais pas comment cela va se faire… On se donne un an pour étudier au cas par cas par service…”
Une telle méconnaissance d’un dossier aussi explosif, une approche aussi approximative du « on verra bien après », révèle une démarche idéologique de principe contraire à celle d’un gestionnaire de terrain ! Inciter les mécontents à l’assigner devant un tribunal révèle une rare incompétence de négociateur. Jouer sur l’idée d’un épuisement, alimenter une campagne de presse soft mais suffisante pour jeter en pâture à la vindicte populaire ceux qui « ne veulent pas travailler » comme les autres 35 h sont des pratiques détestables. Elles ne peuvent qu’alimenter le sentiment de défiance et de ras-le-bol envers ces politiques devenus hors sol !
Résister par la lutte : c’est notre seule arme pour rester debout !
Le NPA avec les grévistes condamne la mise en œuvre de cette politique de destruction méthodique du social, du toujours plus dans la régression des salariés du privé et du public au profit des tenants du fric.
Les grévistes ont raison ! C’est par le combat que les droits et libertés de tous et toutes seront sauvés. L’ensemble des services publics, éducation, santé, justice, finance sont menacés.
Nous gagnerons toutes et tous ! Mettons en œuvre la convergence et l’unité des salarié•e•s en lutte dans la rue et par l’occupation des espaces publics symboles des pouvoirs et des financiers.
Robert
- 1. CIAS : Centre intercommunal d’action sociale.