Publié le Jeudi 8 octobre 2009 à 15h36.

Crise du lait : les raisons de la colère....

Les éleveurs et producteurs de lait sont sur le pied de guerre. Le secteur traverse un crise profonde provoquée par la forte baisse des prix du lait impactant particulièrement les petits et moyens éleveurs qui, devant ces difficultés, abandonnent petit à petit leurs exploitations.

Mais il ne s'agit pas seulement d'une “crise des prix”mais aussi d'une crise du modèle agricole, résultat des politiques gouvernementales poussant àune agriculture et une production intensive et insoutenable dans la durée. Malgré les mobilisations, le Conseil agricole de l'Union européen est reste impassible face à la crise du secteur, autorisant un haut niveau de production alors que la demande diminue, ce qui a entraîne une chute brutale du prix du lait et l'appauvrissement des petits producteurs.

C'est pour cela que les revendications de la Plate-forme rurale de la Coordination européenne de Via campesina1 exige, en premier lieu, une régulation du marché adaptant l'offre à la demande alors qu'aujourd'hui on favorise l'augmentation des quotas de production indépendamment de l'offre. Cette politique fait fondamentalement le jeu de l'industrie laitière et de la grande distribution qui achète le lait aux producteurs à un prix sans cesse plus bas.

En second lieu, il s'agit de soutenir les petites et moyennes exploitations qui sont en train de payer la crise et que l'Union européenne cherche àfaire disparaître. Il faut au contraire adapter la production en fonction de la taille des exploitations, la diminuer pour les industries de production intensive et protéger les petites. Il faut qu'il y ait une répartition équilibrée des exploitations laitières sur le territoire en cherchant un équilibre agro-climatique, contrairement à ce qui se fait aujourd'hui où l'on favorise les concentrations près des ports maritimes qui importent du soja pour l'alimentation animale.

En troisième lieu, il est urgent d'arriver àun équilibre entre les méthodes de production et le respect de l'environnement. La production laitière intensive, à base de soja importé, d'animaux enfermés, de contamination des sols, etc. est une des principales causes du changement climatique. C'est pour cela qu'il faut viser une production laitière diversifiée et durable pour les personnes, les animaux et le milieu naturel.

La crise laitière nous affecte tous car nous avons besoin d'un monde rural vivant, des aliments de qualité et de proximité, payéàun juste prix aux producteurs. Dans un contexte de crise sociale, économique et écologique, cela est plus évident que jamais.

Esther Vivas

Auteure de "En campagne contre la dette”(Syllepse, 2008).Tête de liste d'Izquierda Anticapitalista aux élections du Parlement européen de 2009.

Traduction Jacques Radcliff

1. Via Campesina coordonne des organisations de petits et moyens paysans du monde entier et se bat pour la souveraineté alimentaire.