Publié le Vendredi 19 juin 2015 à 08h24.

Guéret : une bouffée d’oxygène

Plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées à Guéret pour un moment unique en son genre. Dans une période complexe où le mouvement social peine à riposter et à proposer une réelle alternative aux attaques tous azimuts, l’appel de Guéret 2015 sonne comme une bouffée d’oxygène.

Certes, la mobilisation attendue n’était pas totalement au rendez-vous et les responsabilités sont multiples, mais parler des absents serait faire ombrage aux participantEs venus de plus de 50 départements et aux responsables nationaux des organisations présentes, en particulier ceux des fédérations CGT, FSU et Solidaires. Cette carence s’est donc rapidement vu dépassée par ce qui est en train de naître de manière profonde : le rassemblement de forces syndicales, politiques et associatives autour d’un projet collectif. Comme le précise l’appel sorti de cette mobilisation, se crée un front social et politique pérenne pour « la défense, la reconquête, la réinvention et le développement des services publics. Des services publics, créateurs de richesses, au service de la satisfaction des besoins et des droits fondamentaux, de la redistribution des richesses produites et s’inscrivant clairement dans la transition écologique. »1

Alors que les gouvernants ne cessent de désigner la dépense publique comme responsable de tous les maux, oubliant au passage que le service public et la protection sociale permettent d’amoindrir les effets de la crise en France au contraire de ce que l’on peut constater par exemple en Espagne ou en Grèce, la mobilisation de Guéret a permis enfin de contrer cette bataille idéologique. Tout d’abord en portant clairement la responsabilité de la crise sur la finance et non sur une population qui vivrait au-dessus de ses moyens, à travers notamment l’exigence « d’une véritable réforme fiscale et d’un contrôle public des banques et les organismes financiers ». Mais également en inscrivant la question du service public dans l’agenda de la COP21 et donc en lui (re)donnant une valeur universelle, avec « des services publics, dans les territoires, en France et en Europe, pour combattre l’austérité et sortir de la crise ».

Suites et pas finÀ l’heure où les écuries présidentielles sont dans les starting blocks d’une course vers un électorat qui s’amoindrit de plus en plus, la question politique reprend quant à elle et grâce à cette convergence, sa véritable fonction : donner du sens et des perspectives à la vie en société. Loin des concepts abstraits, du fatalisme pragmatique ou des manipulations politiciennes, c’est bien des enjeux de la société du 21e siècle dont il est maintenant question.Est-ce que oui ou non, des biens essentiels d’une population doivent être préservées de la marchandisation ? Est-ce que oui ou non, c’est au moins à l’échelle européenne que doit se poser la question du bien commun ? Est-ce que oui ou non, cela passe à la fois par la convergence des luttes mais aussi par leur traduction politique ? Les réponses à ces trois questions imposeront alors de repenser aussi la question de la démocratie et d’aller retrouver nombre de personnes qui en sont aujourd’hui exclues.C’est à ces tâches et en commençant par le soutien des luttes en cours comme celle en solidarité du peuple grec, que continue ce qui a commencé le 13 juin à Guéret, un vent d’espoir.

Correspondant