La Cour des comptes a rendu public, la semaine dernière, son rapport annuel 2012. Didier Migaud, son président – accessoirement membre du PS –, a plaidé pour que de nouvelles mesures anti-déficit soient décidées dès le lendemain de l’élection présidentielle. « Presque toutes les marges de gestion du budget 2012 ont disparu ». « Ce message, la Cour l’estime important et il s’adresse à tous » a-t-il déclaré comme pour faire la leçon à Hollande et Sarkozy. Ce dernier a eu quand même un bon point pour son effort « encourageant, […] mais il aurait fallu le double » ! « La réduction du niveau d’endettement est impérative pour maintenir la confiance des ménages et des investisseurs […] Les prélèvements obligatoires sont déjà très élevés en France […] L’effort de redressement doit donc porter principalement à l’avenir sur les dépenses publiques […]. Il doit être de 3 à 4 points de PIB ».
La Cour propose de réduire de 15 milliards d’euros au lieu de 10 les niches fiscales et n’hésite pas à demander le gel des retraites, la réduction des allocations familiales et des dépenses de la Sécurité sociale et des collectivités locales... Migaud explique que sans ces mesures il n’y aura pas de retour à la croissance et poursuit : si l’objectif n’était pas atteint, « l’État pourrait connaître d’importantes difficultés pour lever les emprunts nécessaires pour couvrir le déficit ». Et, comme la Grèce a été contrainte de le faire, il devrait faire appel au FMI, à la BCE et à l’Europe qui, en contrepartie, imposeraient... les mesures drastiques que le gouvernement n’aurait pas imposées. Le président de la Cour des comptes propose que le gouvernement à venir les impose plutôt que de connaître « l’humiliation » de se les voir imposer !
Ce scénario nous le connaissons, c’est au nom du même mensonge que Papandréou avait commencé à imposer au peuple grec l’austérité qui a plongé le pays dans la misère et la récession. Contre cette folle et aveugle course à l’austérité, il faut prendre l’argent là où il est, chez les financiers, les riches, les gros actionnaires, en finir avec les exonérations de toutes sortes et d’abord annuler la dette, cette rente pour les usuriers de la finance.
Yvan Lemaitre