Le gouvernement a trouvé un nouveau cheval de bataille : ramener le déficit public à 6 %. D’une main, il fait cadeaux sur cadeaux aux patrons et aux entreprises (sans oublier de se servir en monnaie, en appartement ou en cigares au passage) et le déficit est creusé d’une main de maître : TVA réduite aux restaurateurs, droits de mutation des entreprises allégés, taxe professionnelle supprimée, défiscalisation à tous les étages et baisse des cotisations patronales, judicieusement appelées « charges »... De l’autre, il reprend les acquis sociaux en expliquant que nous n’avons plus les moyens d’avoir des instituteurs dans les écoles maternelles pour accueillir les enfants de 2 ans, plus les moyens d’avoir des services de chirurgie qui ne réalisent pas 1 500 opérations par an, plus les moyens d’augmenter l’allocation misérable aux adultes handicapés : pensez-vous, ma bonne dame, 696 euros par mois ! On ne saurait augmenter encore un revenu aussi scandaleusement élevé ! Et les voilà partis en guerre à grands coups de hache : sabrons l’allocation logement des étudiants, qu’ils dorment dans la rue... supprimons 200 000 fonctionnaires, à l’école publique, à l’hôpital public, dans les maisons de retraites et les crèches, les centres de santé et tous les services publics. Et pendant ce temps-là, nous payons aux banques les intérêts gras et gros de la dette publique ! Et c’est reparti pour un tour, tout est bon à broyer, et même le plus ridicule : le gouvernement vient de reprendre un des deux postes d’enseignants mis à disposition des mouvements pédagogiques, le Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN) et le Cercle de recherche et d’action pédagogiques (Crap), économie dérisoire, mais qui ruine les efforts de ces petites associations. Et il gèle les salaires des fonctionnaires, tout en augmentant les cotisations de retraite, sans perdre espoir de faire baisser considérablement les pensions. Et il enlève la demi-part aux parents des étudiants, sous peine de perdre l’allocation logement, ce qui va pénaliser tous les enfants dont les parents n’habitent pas dans une ville universitaire : 700 000 familles touchées de plein fouet. Mais rassurons-nous ! Le remboursement par l’impôt de l’emploi des salariés à domicile n’est qu’effleuré. Ceux qui disposent de bonnes, maîtres d’hôtels, capitaines de navire, sommeliers à leur service ne seront heureusement pas pénalisés par ces mesures... On respire ! Il est temps de mesurer à quel point la bataille est une guerre contre nous tous, et qu’elle n’aura pas de fin sauf si nous l’imposons. Mais comment faire sans créer un grand mouvement unitaire, qui fasse vent contraire ? Le ministre du Budget explique que ces mesures sont nécessaires, que l’objectif est intangible et absolu et que sans cela, il est illusoire de redresser les finances publiques. Et ces paroles sont reprises et assénées par toutes les radios, toutes les télés. À nous de scander d’autres réponses : pour redresser les finances, cessons de faire des cadeaux aux plus riches, cessons de verser des subventions, d’alléger les impôts des entreprises, cessons de les regarder se goinfrer sans réagir. Reprenons le mot d’ordre des désobéïsseurs de l’Éducation nationale : Nous ne sommes pas des veaux, cessons de ruminer, agissons ! Véronique Decker
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