La bataille du patronat et du gouvernement contre les retraites est relancée.
Sarkozy, dans les fastes de Versailles: « Nous serons au rendez-vous de la réforme des retraites. 2010 sera un rendez-vous capital. » Il en fixe l’échéance, tout en prenant la pose de l’arbitre pour ouvrir le débat. « Toutes les options seront examinées », affirme-t-il. Mais tout le monde connaît l'issue. La présidente du Medef, Laurence Parisot, ne s’en cache pas : « Il faut que cela soit une réalité admise et comprise par tout le monde et, à partir de là, que la collectivité nationale, à partir d'un débat public entre les autorités politiques, les partenaires sociaux, puisse d'un commun accord, dire: eh bien voilà, il faut relever l'âge légal de départ à la retraite de x années… » Le débat est ouvert, mais la décision est déjà prise, sans écarter pour autant la possibilité d’augmenter les cotisations ou de diminuer les pensions.
Hortefeux, provocant, a déjà annoncé l’hypothèse d’un report jusqu'à 67 ans ! Fillon, sans donner de chiffre, affirme, péremptoire, qu’« il n'y a pas d'autre solution » et que ce n’est pas « une question tabou ». « Travailler plus, alors même que la vie s'allonge », n’est-ce pas une évidence ! Il y aurait trop de retraités par rapport au nombre d’actifs, ose-t-on nous dire. Mais les mêmes oublient de dire qu’avec l’augmentation de la productivité, les travailleurs actifs produisent bien plus de richesses qu’il y a ne serait-ce que vingt ans ! Mais là n’est pas leur problème. Ils se moquent éperdument d’obliger la majorité des travailleurs à s’éreinter au boulot ou ceux qui sont usés par des métiers particulièrement pénibles à rester au travail jusqu’à un âge proche de leur espérance de vie. Et cela, au moment même où le chômage explose.
En réalité, ces nouvelles attaques contre les retraites n’ont d’autres raisons que de réduire les déficits engendrés par une politique subventionnant les patrons et les riches qui accaparent une part de plus en plus grande des richesse produites. Il suffirait de garantir à tous un emploi, de répartir le travail existant sans perte de salaire, de prendre sur les profits pour résorber les déficits. Travailler moins pour travailler tous, afin de pouvoir un peu jouir de la vie ! Alors, oui, les travailleurs n’ont pas à avoir de tabous à l’égard des intérêts des classes possédantes, pour intervenir dans le débat avec leurs armes de classe, celles de la lutte.
Yvan Lemaitre