Le mardi 26 mars sera un jour particulier pour les postières et les postiers de 92 : un an de grève reconductible…
Cent cinquante travailleuses et travailleurs avec des payes à zéro euro, des vigiles, des flics, des huissiers en guise d’interlocuteurs. Mais aussi un an de camaraderie, de solidarité, de joie et d’adrénaline, un an à se débarrasser des chaînes de l’exploitation. Pour tenir, il leur a fallu avant tout une détermination énorme, que seule une grève active et un cadre d’AG quotidien ont pu construire, entretenir, permettant de pousser toujours plus loin, jour après jour, leur volonté de gagner. Le soutien extérieur reste un élément essentiel pour populariser cette formidable grève et faire un travail de fourmi exemplaire pour alimenter la caisse de grève car, comme le disent les grévistes : « Une grève sans caisse de grève c’est comme du camping sans tente, c’est possible mais c’est plus risqué ! »
Rien n’est encore gagné
Il aura donc fallu attendre près d’un an pour que la direction de La Poste, probablement sous l’impulsion du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, ministre de tutelle de La Poste, agacé que les grévistes s’installent tous les quatre matins à sa table et l’interpellent comme au Salon de l’Agriculture ou encore lors de son passage à Europe 1 où une délégation de postières et postiers lui scandaient de l’extérieur : « Le Maire à quoi tu sers ?! » Il a donc certainement agité le cocotier et demandé des comptes à la direction départementale de La Poste du 92 et, d’un seul coup, la porte des négociations s’est ouverte. À tel point qu’en 10 jours, ce sont des heures et des heures d’audience qui se sont déroulées, pour tenter d’aboutir enfin à un protocole de fin de conflit. L’enjeu pour les grévistes, c’est un report significatif des réorganisations. Pour l’instant, La Poste ne propose pas de reports qui concernent l’ensemble des grévistes. De plus, la proposition serait un report de seulement un an.
La Poste a enfin reconnu à demi-mots qu’elle avait exercé une violence totale avec des payes à zéro euro ; elle a reconnu qu’il était illégal de s’attaquer au complément familial et qu’elle a obligation de rembourser de manière rétroactive les sommes volées aux familles ; mais elle ne lâche pas l’affaire sur le paiement par les grévistes des dimanches, des jours fériés et des RTT, et refuse d’écrire dans le protocole qu’il n’y aura pas de poursuites disciplinaires.
Mais la direction doit comprendre qu’il n’est pas possible de penser qu’il y aura reprise du travail sans un report significatif de toutes les réorganisations. Les grévistes ont fait des propositions écrites, sérieuses, et La Poste ne peut plus à ce jour contester leur légitimité dans le département et la crédibilité de leurs critiques sur la charge de travail et la non-justification de la suppression des tournées.
Mais rien n’est encore gagné et la solidarité financière et politique restent absolument déterminantes pour tenir ce cycle de négociations et permettre la victoire des postières et des postiers du 92 !
Correspondante