Publié le Jeudi 15 octobre 2009 à 19h39.

RATP : privatisation annoncée...

La loi du 22 septembre sur la régulation ferroviaire, adoptée par l'Assemblée nationale, sonnait déjà comme une alerte. Il semblerait que l'État pose dès maintenant les jalons de la privatisation. 

Il y a tout d'abord la mise en concurrence des réseaux urbains suite à la directive européenne sur les transports. Ce règlement européen dit « OSP », qui introduit la concurrence dans le secteur des transports collectifs de personnes, doit être mis en application le 3 décembre prochain en France.

En effet, le gouvernement, avec l'aval de la direction de la RATP, a choisi d'ouvrir complètement la RATP à la concurrence et de répondre tous les cinq ans, à égalité avec les autres transporteurs privés, à un appel d'offre de l'autorité organisatrice.

Il apparaît comme une urgence d’ouvrir un débat citoyen sur l'avenir et le développement des transports collectifs en Île-de-France, sur la place, le rôle et les prérogatives des entreprises publiques et sur les missions de service public qui doivent prioritairement répondre aux besoins des populations. La tenue d'assises sur les transports collectifs est de plus en plus nécessaire. La question des transports en Île-de-France est en effet la première préoccupation des Franciliens.

Tandis que dans tous les domaines, les services publics sont menacés, la mobilisation des salariés des transports publics et de la population est nécessaire.

Et puis, il y a la création du grand Paris. Ce projet gouvernemental, estimé à plus de 35 milliards d’euros, est une aubaine pour le gouvernement. En effet, ce projet porte sur la création d’un réseau de transport en mode lourd (métro/train/RER) automatisé de plus de 130 km reliant les pôles de compétitivité, les centres d’affaires et les aéroports de l’Île-de-France. Cette liaison ne sera pourtant d’aucune utilité pour la majorité des franciliens, complètement mis à l’écart. Alors qu’il y a urgence à désaturer le réseau existant en créant une rocade de banlieue à banlieue, on se lance dans un gigantesque projet qui ne changera pas le quotidien des usagers des transports en commun.  Probablement imposée, il ne sera qu’une vitrine économique en direction des grandes entreprises. Mais au-delà des perspectives de ce projet, la question du financement doit être posée. Sera-t-il réellement public ? Quel sera l’engagement du gouvernement ?  Aujourd’hui, nous n’en savons rien ! Dans ce projet, l’État doit prendre ses responsabilités, notamment dans un financement 100% public, mais il ne doit surtout pas faire l’économie d’un dialogue avec les collectivités sur les besoins de la population.

Enfin, la direction de l'entreprise a pris prétexte de l'ouverture à la concurrence pour mettre en œuvre son plan d'entreprise 2008/ 2012 qui accentue les objectifs de productivité, mettant ainsi sous pression l'emploi et les salaires. Après la suppression de 730 postes en 2008 et 650 en 2009, avec les restructurations de la RATP, on peut craindre une dégradation des conditions de travail, une remise en cause des déroulements de carrières et des primes. La vocation de service public de la RATP ne doit pas être niée.

Coralie Wawrzyniak et correspondants RATP