La réforme des rythmes scolaires décrétée par le gouvernement Hollande-Peillon et mise en place dans 20 % des communes à la rentrée 2013/2014 fait couler beaucoup d’encre. Et nourrit beaucoup de colères.À quelques mois des élections municipales, la dénonciation de la réforme, par la voix de Coppé a pour objectif de surfer sur le mécontentement des 53 % de Français (sondage du Parisien du 5 octobre) afin de redorer le blason de l’UMP, qui durant 10 ans n’a eu de cesse de casser le service public d’éducation. Des manœuvres politiciennes que les récentes grèves contre la réforme, en dehors de tout appel des directions syndicales, viennent contrebalancer. À Aubervilliers (93) réunissant 95 % d’enseignantEs le jeudi 3 octobre, et en Haute-Garonne, le mercredi 9 octobre, à l’appel des syndicats SNUipp-FSU, Snudi-FO et Sud Éducation qui mettent la politique au centre de leur débat : dégradations des conditions d’apprentissage des élèves et des conditions de travail des enseignantEs, ainsi que celles des agents territoriaux, territorialisation et missions des personnels.
À Paris, où les enseignants avait fait de nombreuses journées de grève et des rassemblements pour l’abrogation du décret Peillon, instituant notamment le passage à la semaine de neuf demi-journées et contre la mise en place de la réforme par la mairie de Paris, une assemblée générale s’est tenue mardi 8 octobre pour exiger avec les syndicats du premier degré l’abrogation du décret Peillon et la suspension de la réforme à Paris.
Des inégalités accentuéesLes écoles subissent le joug d’une politique éducative aujourd’hui entre les mains conjointes du ministre de l’Éducation nationale et des maires, à qui le décret Peillon permet de déréglementer l’école, en instituant notamment des temps d’enseignement choisis par les communes. Ainsi cette réforme mise en place « pour permettre aux élèves de mieux apprendre et de favoriser leur réussite » accentue les inégalités territoriales et pèsent sur les élèves qui subissent un temps considérablement plus long passé au sein des écoles. Quant aux projets éducatifs territoriaux (PEDT), réunissant l’ensemble de la communauté éducative, ils n’ont pas pour objectif les intérêts des enfants, mais celui de ramasser la plus grosse part du gâteau tant d’un point de vue financier qu’électoral et d’ouvrir l’école au juteux « marché de l’éducation ».
Face à la difficulté croissante de Peillon sur la question des rythmes scolaires, une réunion de crise y a été consacrée mercredi 2 octobre à l’Élysée, après le conseil des ministres. Le soutien à Peillon de Darcos et Ferry, anciens ministres de droite pour l’éducation, ne s’est pas fait attendre, car cette réforme voulue aussi par la droite, avait été mise à l’étude en 2010. Elle avait été ensuite reprise lors de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires engagée par Châtel en 2011, et préconisait un étalement sur neuf demi-journées de la semaine scolaire !
Pour l’heure, les préoccupations des enseignants et de l’ensemble de la communauté scolaire est loin de ces batailles politiciennes qui mettent en scène des « acteurs » de droite comme de gauche commettant la même politique ! Car il devient urgent partout de réunir parents, enseignantEs et agents territoriaux pour trouver les moyens d’abroger le décret Peillon, de suspendre la réforme des rythmes scolaires mise en place dans les villes et de construire un débat démocratique sur la politique éducative qui doit être mise en œuvre dans l’objectif d’une école démocratique et émancipatrice.
Gabrielle Timbert