Avec la publication du rapport Spinetta sur le transport ferroviaire, le gouvernement Macron lance une offensive visant frontalement les cheminotEs. Derrière cette attaque spécifique, c’est l’ensemble des services publics, mais aussi la fonction publique, les fonctionnaires et les usagerEs qui sont dans le viseur.
Après les ordonnances travail qui ont dynamité le code du travail, le gouvernement Macron poursuit son œuvre de démolition. Dans son viseur ces dernières semaines : les cheminotEs et le service public ferroviaire avec le désormais fameux rapport Spinetta. Et sur ce dossier encore, le gouvernement veut détruire rapidement les acquis de touTEs, en recourant une nouvelle fois aux ordonnances. En parallèle, le gouvernement a également lancé la « modernisation » de la fonction publique avec la mise en place de la commission « CAP 22 » qui a pour but de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires d’ici la fin du quinquennat. Ces derniers sont déjà montrés du doigt par le gouvernement, qui considère, tout comme le candidat Macron, que le statut de fonctionnaire est « inopportun », « trop rigide ». Et pour l’assouplir, les solutions sont toutes trouvées : départs volontaires, recours accru aux contractuels, salaire au mérite… La commission Cap 22 doit rendre son rapport en avril et, soyons-en certain, il sera de la même veine que celui de Spinetta sur la SNCF.
Qui sont les privilégiés ?
Pour gagner l’opinion publique dans la bataille politique qu’il vient d’engager, le gouvernement a décidé de dénoncer les « privilégiés » qui seraient responsables de la dette de la SNCF ou des dysfonctionnements des services publics : les cheminotEs et les fonctionnaires. Pour cela, tout y passe : la garantie de l’emploi, les salaires mirobolants, les retraites des cheminotEs comparées à celle des agriculteurs, etc. La machine de guerre est en marche, relayée par les médias, les éditorialistes et les experts en tout genre pour mieux nous diviser. Et surtout aussi, pour éviter de parler du vrai projet de ce gouvernement : la privatisation du service public ferroviaire et, plus globalement, la casse des services publics et de la fonction publique.
Même pas peur
Ces dernières semaines, le gouvernement Macron est affaibli. En effet, de plus en plus de mécontents élèvent la voix et se font entendre, sans oublier les « couacs » de nombreux députés LREM ou membres du gouvernement dans les médias. Alors, après la loi travail XXL, casser le statut des cheminotEs et, ensuite, celui des fonctionnaires, serait une victoire politique essentielle pour le gouvernement. Il réussirait là où de nombreux autres avant lui ont échoué. Et pour cela, il est prêt à aller loin dans les divisions et les peurs, comme en témoignent par exemple les déclarations de Darmanin, ministre des Comptes publics, sur RTL, où il affirmait ne pas croire « un seul instant que des syndicats y compris la CGT qui sont responsables, qui connaissent leur outil de travail, qui aiment leur métier sont capables de prendre en otage les Français pendant de très longues semaines ». Il y a urgence à lui donner tort. Mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, les organisations syndicales de la SNCF n’ont pas encore arrêté de journée de grève, seule la manifestation nationale du 22 mars (sans appel à la grève) est maintenue. À la même date, à l’appel de 7 organisations syndicales, une journée de grève et de manifestation de la fonction publique aura lieu, qui pourrait être aussi massive, sinon plus, que le 10 octobre. Mais une seule journée de grève ne fera en rien reculer le gouvernement : il faut donc travailler dès aujourd’hui à la construction d’un mouvement d’ensemble sur la durée, et qui soit le plus large possible.
Les services publics : un enjeu de société, un enjeu politique
La lutte pour la défense de tous les services publics représente un enjeu de société : la défense d’un projet fondé sur la solidarité et la satisfaction des besoins sociaux contre une société basée sur le profit. Contre la société de la concurrence généralisée, la construction d’une société solidaire passe par la réappropriation publique des secteurs privatisés et leur mise en correspondance avec les besoins fondamentaux de la population. Faire des services publics un enjeu de société, un enjeu politique pour faire dérailler ce gouvernement : tel est l’enjeu de ces prochaines semaines.
Joséphine Simplon