Dans la série « droit dans mes bottes », « je fais ce que j’ai dit », c’est Édouard Philippe qui s’y colle. Lundi 29 octobre, c’était le « Comité Interministériel de la transformation publique », devant 15 ministres convoquéEs pour recevoir les consignes de mise en œuvre déclinées dans chacun de leur ministère. Avec en ligne de mire une transformation majeure des services publics qui aboutirait, si on leur laisse les mains libres, à la disparition de la notion même de service public.
On pourrait dire « rien de nouveau sous le soleil », au vu de la tactique mise en œuvre par ce gouvernement : « fuite » des mesures coups de poing avec la mise en place fin 2017 d’un Comité pour l’action publique 2022, puis convocation d’un comité interministériel début février 2018 pour lancer des « pistes de travail ». À chaque étape, le niveau de réaction des organisations syndicales est testé. Et à part des journées symboliques de protestation, les directions syndicales ont continué de s’inscrire dans tous les cadres de pseudo-négociation. Le gouvernement estime donc avoir les mains libres pour passer aux travaux pratiques.
L’objectif est clair : le gouvernement a 3 ans pour supprimer 120 000 fonctionnaires, dont 50 000 dans la fonction publique d’État. Sous le vernis d’un discours qui se gargarise du verbiage « start-up nation », « transformation numérique», « intelligence artificielle », « datamining »… il y a la réalité : prétendre faire fonctionner des services publics virtuels avec le moins de personnes physiques possible. Ce qui est la négation du service public : répondre humainement à des besoins.
Le gouvernement reprend les méthodes du privé pour liquider les emplois : « plans de départs volontaires » pour les fonctionnaires qui pourraient toucher le chômage (bonjour les caisses de l’assurance chômage) ; création d’une « agence de reconversion » pour les accompagner ; extension du recrutement de contractuelLEs ; et développement de la gestion managériale du personnel et des moyens financiers avec paiement au mérite.
Les enjeux sont posés, et la balle est dans le camp des salariéEs et des usagerEs, ainsi que de leurs organisations : il y a urgence à construire un mouvement d’ensemble, bloquer la machine et prendre le temps de discuter ce que seraient des services publics fonctionnant pour répondre aux besoins réels, sous le contrôle des agentES et des usagerEs qui sont les mieux à même de décider.
Cathy Billard