Il y a trois semaines, dix structures de la CGT (les fédérations des Industries chimiques et du Commerce et services, les Unions départementales 94, 04, 59, 41, 66, 95, 18 et 13) ont pris l’initiative de lancer un appel à une manifestation nationale le samedi 27 avril à Paris.
Ces structures de la CGT en ont assez de faire le compte des occasions manquées de convergence entre le mouvement ouvrier et les actes de mobilisation des Gilets jaunes, mais aussi avec les autres luttes en cours. Pour la plupart déjà engagées de différentes manières dans des actions concrètes de convergence avec d’autres mobilisations, elles font le bilan des difficultés à dépasser l’éparpillement des luttes, et l’incapacité des seules initiatives locales pour surmonter l’inaction des directions nationales, dont celle de la confédération CGT à laquelle elles appartiennent.
Autour d’une même table
À quelques semaines du congrès de la confédération, elles ont donc pris la décision de s’adresser aux « organisations syndicales, politiques et associatives et aux militantEs progressistes engagés dans les mobilisations en cours : Gilets jaunes, Gilets roses (des assistantes maternelles qui s’étaient mobilisées autour du 9 mars en convergence avec les collectifs de Femmes Gilets jaunes), climat, logement ».
Le vendredi 5 avril, une première réunion a permis de vérifier la disponibilité de certaines « figures » des Gilets jaunes puisque, par exemple, Priscillia Ludosky et Jérôme Rodrigues y ont participé. Des organisations politiques, LFI, le PCF, l’Association nationale des communistes (anciennement Rouges vifs), ainsi que le NPA étaient également autour de la table, tout comme l’UD CGT 76 venue en observatrice.
Le long cheminement de la convergence
Si la convergence est une aspiration unanimement partagée et revendiquée, sa construction est pour le moins laborieuse. Le choc des cultures, des parcours, des enracinements militants et des légitimités parfois contradictoires est également omniprésent. Autant dire que les étincelles ne manquent pas, bien loin des piques à fleurets mouchetés de certaines réunions unitaires.
Les pressions sont importantes, en particulier sur les Gilets jaunes engagés dans l’appel, des pressions amplifiées par le cadre relativement restreint des organisations prêtes à s’engager (ainsi l’absence du secteur associatif ou de syndicats issus de Solidaires ou de Force ouvrière). À peine le texte d’appel a-t-il été publié sur une page dédiée que ces Gilets jaunes signataires ont été fortement interpellés et secoués sur les réseaux sociaux. À tel point que seule Priscillia Ludosky est revenue aux réunions de préparation suivantes, accompagnée de nouveaux et nouvelles Gilets jaunes, notamment Sophie Tissier et le collectif qui déclare les manifs parisiennes depuis deux mois, ainsi que d’autres Gilets jaunes du 94 et du 77.
Une échéance à construire, une occasion à ne pas manquer
Le NPA a décidé de s’engager dans la construction de cette manifestation du 27 avril en y appelant sur ses propres bases, comme le font également le PCF, la fédération CGT des services publics et le Front social. Après les rendez-vous manqués en décembre et autour de la journée de grève du 5 février, l’objectif est en effet de se saisir de toutes les occasions qui aident à construire de nouvelles perspectives pour une contestation sociale certes bien présente mais toujours éclatée, comme le montrent les tentatives de luttes encore dispersées dans l’éducation nationale et les hôpitaux. Nous voulons aussi porter dans ces cadres, certes fragiles et à élargir, des débats sur la stratégie de lutte, l’articulation entre les différentes formes de mobilisations pour changer le rapport de forces, pour rendre concret notre slogan « Grèves, blocages, Macron dégage ! »
La réussite du 27 avril peut constituer une étape, en ouvrant des perspectives pour les autres actes du samedi des Gilets jaunes, pour la « semaine jaune » appelée par l’assemblée des assemblées de Saint-Nazaire à partir du 1er Mai, et en vue de l’amplification de la mobilisation le jeudi 9 mai, journée de grève de l’ensemble de la fonction publique, vers la construction d’un mouvement de grèves prolongées pour bloquer le pays et faire reculer Macron.
Cathy Billard