État des lieux. Argenteuil, un fief du PCF de 1935 à 2001, passé à droite jusqu’en 2008, puis majorité PS de 2008 à 2014. Retour de la droite avec Georges Mothron en 2014...
La droite est revenue... grâce à 187 voix d’avance sur plus de 100 000 habitantEs, mais seulement 51 000 inscritEs et avec plus de 41 % d’abstentions. Et pour ce premier tour des départementales, moins de 40 % de participation, avec le Front national en ballottage avec 23 % des inscritEs contre 31 % à l’UMP. Et un taux de chômage officiel à plus de 15 %...
Attaques tous azimutsLa mobilisation des agents territoriaux a démarré le 4 février avec l’annonce par le maire de la suppression de plus de 400 emplois. Ces suppressions se feraient par le non-renouvellement de contrats de salariéEs qui pourtant peuvent prétendre au bout de 4 ans d'exercice à la titularisation. Tous les services seraient concernés par ces suppressions de postes : centres sociaux, crèches, écoles, etc.Cette mise en pratique de la politique d’austérité version locale ressemble fortement à la politique du gouvernement... D’ailleurs parmi les justifications, le maire UMP et l’ex-maire PS se renvoient la balle sur les emprunts toxiques contractés auprès de Dexia, successivement par l’un et l’autre.Le plan de Mothron est vaste et prévoit de frapper tous les secteurs au-delà des suppressions de postes. Fermetures de crèche municipales, qui « libèrent » la place pour des crèches privées, ce qui augmenterait encore les difficultés d’accès à ce service public pour les familles les plus fragiles, avec dans le même temps la fermeture de la Maison de la femme. Réduction du budget des médiathèques. Suppression de postes de maîtres-nageurs... annoncée à la télévision, avec en vue sa privatisation.La ville est gérée comme une entreprise privée, avec un cabinet d’expertise chargé des préconisations de réduction de « coûts », c’est-à-dire de réduction des effectifs. Une ville qui, comme toutes les autres collectivité locales, subit en même temps les conséquences de la politique d’austérité du gouvernement. L’objectif final est de réduire les services municipaux aux fonctions régaliennes : police municipale, vidéo-surveillance. Dans une ville où le décès en 2009 d’Ali Ziri, tombé dans le coma lors de son interpellation par la police après un contrôle routier et mort deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil, n’est pas qu’une éventuelle bavure, mais l’illustration d’une violence sociale aggravée par les violences policières.
Une résistance qui se construitLa municipalité exerce toujours plus de pressions sur les agents. Il faut faire le travail des absentEs victimes des conditions et des surcharges de travail, et soupçonnés par les chefs de service de tirer au flanc... La municipalité menace les grévistes et joue sur le chantage au renouvellement de contrat.Si les agents territoriaux sont déterminéEs, les difficultés sont réelles. Le syndicalisme territorial est toujours compliqué, notamment dans les villes de gauche où celles et ceux qui luttent pour les conditions de travail sont parfois accusés – y compris par les responsables syndicaux – de dégrader le service public. La souffrance au travail, peu prise en compte par les organisations syndicales, met de nombreux agents en grande difficulté, tant face aux chefs de service qu’aux usagers.De plus, les apparentements politiques conduisent parfois les organisations syndicales à privilégier l’affrontement face aux maires politiquement opposés (droite ou PS) et à minorer des difficultés semblables avec des maires de « gauche ». Dans le même temps, la dégradation des services publics, l’affaiblissement des réseaux associatifs, rend difficile les convergences avec les usagerEs.Des initiatives sont discutées par les agentEs mobilisés et le Collectif des parents en colère, comme une journée « ville morte » sans services publics… Un défi pour les réseaux associatifs, syndicaux, politiques de la ville, pour mobiliser contre la politique de la droite locale, sœur jumelle de celle de la « gauche » au gouvernement.La perspective de la journée intersyndicale de grève du 9 avril est perçue comme la possibilité d’un relais fort, qui donne confiance. Elles et ils en ont grand besoin.
Robert Pelletier