Publié le Mercredi 6 mai 2020 à 21h17.

Avec la misère, la faim aussi s’accroît

Depuis le confinement, de plus en plus de personnes ont dû recourir à l’aide alimentaire. « Ce virus a fait tomber les masques du système dans lequel on vit. Là où habituellement des familles se débrouillent pour survivre, avec ce confinement, elles n’arrivent même plus à se nourrir », expliquait Kamel Guémari, délégué syndical et militant de la lutte contre la fermeture du McDo Saint- Barthélemy à Marseille, aujourd’hui réquisitionné pour l’aide alimentaire.

De plus en plus de personnes et de familles aux faibles revenus ont vu leur situation aggravée par le chômage partiel ou total, la perte de petits boulots peu payés, suspendus ou supprimés à cause du confinement. Et les prix ne cessant d’augmenter, certaines familles, dont les enfants ne mangent plus à la cantine pour un prix modique, ont vu leur budget de nourriture multiplié par 2 ou 3. Et même si leurs revenus ont chuté, elles doivent continuer à payer tous les autres frais, dont le loyer qui représente un tiers voire la moitié du revenu du foyer…

Les départements, les communes avec les CCAS, les centres sociaux, mais aussi la Banque alimentaire, les Restos du cœur et nombre d’associations locales, de collectifs qui organisent des collectes solidaires, participent à ces distributions. Dans tous nos quartiers populaires, les cités de Lormont, Cenon, Saige-Formanoir à Pessac pour n’en citer que quelques-unes, de nombreuses familles sont obligées d’y avoir recours, mais aussi les étudiants précarisés confinés sur le campus.

Des situations semblables d’un bout à l’autre du pays

Ces distributions sont en augmentation de 40 % par rapport à l’année dernière en Seine Saint-Denis. Dans le quartier du Mirail à Toulouse, les associations témoignent d’une explosion du nombre de colis alimentaires.

A Marseille, un collectif d’anciens salariés des quartiers Nord a réquisitionné le McDo, qu’ils s’étaient battu en vain pour garder, en le transformant en banque alimentaire avec sa chambre froide et son drive. Depuis le 7 avril, à partir de 6h du matin se forme une queue de 500 m pour la distribution du repas de midi. Ils en distribuent une centaine, alors que c’est un millier qu’il faudrait…

Ces militants, qui ont pris la responsabilité très appréciée de parer à l’urgence, s’inquiètent de se retrouver à faire le travail de l’État. Et ils doivent continuer à se battre contre le géant McDo qui leur interdit de l’occuper.

Le gouvernement a distribué 110 milliards aux entreprises et se vante d’avoir accordé… 1 milliard pour l’aide alimentaire !