Produit d’une activité gouvernementale menée tambour battant, le pacte d’avenir pour la Bretagne, document de 87 pages, serait lourd de 2 milliards d’euros… Sauf que cet effet d’annonce combine mesures nouvelles et opérations déjà en cours. Bien éloigné de l’intérêt des travailleurs bretons.
À n’en point douter, la précipitation dans la rédaction de ce document ne vise qu’à tenter d’étouffer un mouvement social et une explosion de colère très enracinés dans le contexte breton, qui ont ébranlé le gouvernement et son armada de ministres bretons… Pourtant la lecture de ce pacte semble bien loin de faire l’unanimité parmi les « acteurs économiques et sociaux » (sauf peut-être le Medef) et du côté de celles et ceux qui ont participé massivement à la révolte bretonne.Il y a les critiques venues de l’UDB ou Christian Troadec, qui dénoncent à la fois le manque de concertation, de démocratie et la non-prise en compte des attentes de la société bretonne au travers d’un plan classique État/Région qui ne « promet aucune innovation institutionnelle ». Des syndicats, en particulier Solidaires, considère que le compte n’y est pas pour les salariéEs. Avec justesse, certains écologistes dénoncent la confusion « entre simplification administrative et déréglementation », permettant le relèvement des seuils d’élevage et le passage d’une autorisation administrative à un simple enregistrement… Des propositions portées par le lobby porcin !À l’évidence, si ce pacte va conforter le marché productiviste en distribuant des aides publiques sans aucune condition préalable, ni contrôle de l’utilisation de ces subventions, il est en revanche extrêmement timide dans les contraintes imposées aux capitalistes et aux actionnaires.
Les travailleurs oubliésÉtonnamment, la CGT annonce que le pacte « permet d’engager un travail sur la région pour donner aux salariéEs d’autres alternatives que le licenciement systématique (sic) »… et insiste « sur la qualité du dialogue social dans les entreprises », comme d’ailleurs la CFDT qui toutes deux se félicitent de « l’instauration d’une instance régionale du dialogue social », comme cela a été fait pour les filières agroalimentaires… De qui se moque-t-on ? De ces milliers d’ouvrierEs qui ont été jetés à la rue avec la bénédiction du dialogue social ? De ces dizaines de milliers de manifestantEs qui se sont opposéEs aux plans dit « sociaux », brutaux et destructeurs ?Ce pacte d’avenir pour la Bretagne oublie tout simplement que ce sont les petitEs paysanEs et les salariéEs qui paient le prix fort de la « crise » du modèle économique libéral. Ce sont eux qui se retrouvent dans la détresse, alors qu’ils ont été exploités pendant des décennies au profit des géants de l’agroalimentaire et de l’accumulation des fortunes…À aucun moment, ce pacte n’impose une suspension des licenciements, le maintien des emplois et rémunérations de tous les salariéEs, y compris les intérimaires très nombreux dans la filière. Cette exigence aurait dû être le préalable à toute discussion de la part des organisations syndicales lors du lancement de ce pacte. Il n’en a malheureusement rien été, ni en préfecture de région ni dans le texte de l’intersyndicale lors des manifestations du 23 novembre. Seule FO a refusé ce faux dialogue, même si par la suite ce syndicat a quitté le mouvement de contestation sur de faux prétextes…Ce plan, qui ne fait que prolonger les politiques passées, non seulement ne présente aucun « volet social conséquent » mais tourne le dos à la défense des salariéEs et à une voie ouvrant des perspectives réellement en rupture avec l’agro-bizness capitaliste et productiviste. Plus que jamais, la mobilisation sociale doit s’amplifier en Bretagne, à la fois contre les capitalistes et actionnaires et contre le gouvernement qui demeure sourd aux revendications des salariéEs et des plus démuniEs.
Correspondant