Publié le Mardi 19 avril 2016 à 01h24.

Congrès CGT : une ouverture (trop) tranquille

Le 51ème congrès de la CGT s'ouvrait ce lundi à Marseille dans l'ambiance de la mobilisation contre la loi travail. La place prise par la CGT dans cette mobilisation met la direction confédérale en situation favorable dans ce congrès.

Un congrès ouvert par la chanson de Moustaki, « Sans la nommer » ventant la révolution permanente. Le secrétaire général de l'UD 13 a rappelé l'histoire des luttes dans la région depuis 1936 et la guerre d'Espagne jusqu'aux luttes des marins, traminots et bien sûr celle des Fralib

Dans son discours d'introduction, Philippe Martinez a commencer par un balayage large des motifs de révolte et de mobilisations : Goodyear, Air France, Loi travail, sans papiers, répression des militantEs, fermeture des locaux syndicaux.Avec une critique virulente de la politique internationale du gouvernement y compris le soutien à Israël dans l'écrasement du peuple palestinien. Affirmant le soutien à la mobilisation à Mayotte. Plus globalement, Philippe Martinez a insisté sur la nécessaire humilité sur les questions internationales.

 La deuxième partie de son intervention abordait la mobilisation contre la loi travail. Reconnaissant le rôle d'aiguillon de la pétition contre la loi et de l'action des jeunes, Martinez a affirmé qu'il fallait poser la question de la grève reconductible mais que celle-ci ne pouvait se décider que démocratiquement dans des AG de salariés. Sur le syndicalisme rassemblé (accompagnement de sifflets), il a reconnu que dans la foulée de l'accord sur la représentativité de 2008, on était allé trop loin dans l'unité avec la CFDT. Ce travers a été corrigé dans le cadre de la mobilisation actuelle avec les deux regroupements différents en fonction de la volonté de se battre à des niveaux différents. Pour la suite de la mobilisation, Martinez a reconnu le rôle positif du mouvement des Nuits debout et engagé l'ensemble des militantEs à mobiliser le plus largement possible les 28 avril et le 1er mai.

 La troisième partie portait sur la CGT, elle-même. Affirmant que les attaques portées contre elle validait ses positionnement car « « on ne tire pas sur les morts ». Se félicitant des 78 % de déléguéEs présentEs pour la première fois à un congrès confédéral, le secrétaire général de la CGT a souligné la présence de 41% de femmes parmi les 980 déléguéEs.

Sur le fond, Martinez après avoir réaffirmé le positionnement de la CGT comme syndicat de masse et de classe, a insité sur la centralité de la bataille pour les 32h (permettant la création de 4,5 millions d'emplois) et de la question du travail. Sur les questions des structures, Martinez est revenu sur la nécessité de donner à toutes les couches de salariéEs de rejoindre le syndicalisme dans le cadre d'un débat sans procès d'intention.

 Dans la foulée le bureau a passé en revue les invitéEs présentEs ce jour. Au milieu des applaudissement traditionnels saluant pêle-mêle Thibault, Viannet, Séguy, LO, le PG (dont Mélenchon), l'UNEF et la FSU, le représentant de la CFDT a été largement sifflé et hué et celui du PS a soulevé une véritable bronca ponctué de « retrait de loi El Khomri ». Le tout, sans réaction du bureau et justifié par Martinez lors de la conférence de presse : « le congrès s'est exprimé ».

 Au total, une ouverture de congrès qui paraît déconnecté de la mobilisation en cours et du nécessaire débat sur la stratégie de lutte, de la prise de responsabilité de la CGT dans cette lutte. Une proposition d'insertion d'un débat de deux heures et du vote d'un appel à la mobilisation a été faite. L'acceptation de cette modification de l'ordre du jour sera un premier test sur le positionnement de la direction confédérale et de la capacité du congrès à peser sur ce positionnement.