Publié le Jeudi 22 juin 2017 à 12h27.

Congrès de Solidaires : Pas de deux

L’Union syndicale Solidaires tenait son septième congrès du 12 au 16 juin dernier à Saint-Brieuc, en pleine résistible accession d’Emmanuel Macron. 400 militantEs, avec seulement la moitié des structures locales représentées, étaient réunis pour discuter de trois résolutions consacrées à l’international, aux transformations du travail et à la construction de l’organisation.

Dernière-née des confédérations syndicales, ayant franchi la barre symbolique des 100 000 adhérentEs et stabilisé son audience électorale là où celle du syndicalisme de lutte est marquée par l’érosion, le congrès a été l’occasion de réflexions pertinentes sur les questions liées à la santé au travail, dont l’endémie de suicides, ou de l’organisation des travailleurs ubérisés.

Le rapport d’activité, voté à plus de 92 %, a lui mis en exergue le rôle pivot joué par Solidaires lors de la mobilisation contre la loi travail : d’un côté, l’intersyndicale nationale, qui a volé en éclats depuis, et, de l’autre, les Nuits debout et la jeunesse la plus radicale, comme à Rennes par exemple, mais sans que, à ce stade, ne soit tirées toutes les conclusions pratiques qui s’imposent.

Des paroles et des actes

En effet, la question centrale de l’organisation de la riposte aux ordonnances Macron n’a été abordée qu’à 22 heures, la veille de la fin du congrès, dans le cadre d’une table ronde consacrée à l’actualité, après une introduction laborieuse de trente minutes en tribune pour laisser la parole à la salle limitée à trois minutes par intervention… Même si Solidaires a appelé aux manifestations qui se sont tenues ce lundi dans une trentaine de villes à l’initiative du Front social, c’est un peu tard.

Persuadé que Solidaires mérite mieux que d’être cantonnée à un rôle d’aiguillon de la CGT, alors que cette dernière s’enlise dans les discussions avec le gouvernement et somatise suite à la perte de sa première place dans le privé, plusieurs syndicats et Solidaires locaux ont défendu une motion d’actualité complémentaire, initialement proposée par SUD PTT, qui fait de la construction du Front social une priorité. La motion en question a certes été rejetée, mais avec autant d’abstentions et de NPPV que ceux qui ont voté contre.

Le renouvellement du secrétariat national a lui viré au psychodrame, la dérogation aux statuts de deux à trois membres maximum par organisation ayant été refusée in fine. Un épisode qui illustre le hiatus entre le développement réel de l’organisation dans le secteur privé et l’indigence d’implication au plan local qui prévaut, le plus souvent, de la part des fédérations les plus importantes. Pourtant, le renforcement de ces dernières est l’ossature indispensable pour peser, au plan interprofessionnel, dans les mobilisations à venir : ainsi, l’initiative de Solidaires Yvelines d’organiser une manifestation, le 30 août prochain, devant l’Université d’été du Medef à Jouy-en-Josas a été reprise par le congrès.

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