Incapable de gérer la crise sanitaire, le gouvernement poursuit sur sa lancée antisociale et autoritaire. La grève du 4 février peut être le point de départ de la construction d’une convergence des colères et d’une opposition globale à la politique de Macron.
Les pitreries de Macron et Castex pourraient faire sourire si la situation sanitaire et sociale n’était pas aussi grave. La semaine dernière, alors que des « fuites » laissaient entendre que Macron prendrait la parole pour décréter un nouveau confinement, on a finalement eu droit à une pathétique allocution de Castex, qui n’a rien annoncé. Quelques jours plus tard, des conseillers de Macron et des ministres témoignaient – anonymemen – dans le Figaro pour expliquer la manœuvre : « Si ça fonctionne, qu’on n’a pas besoin de confiner, ce sera un joli coup politique, et on reconnaîtra que le président a eu raison d’aller à contre-courant. [Mais] si ça s’emballe et qu’on doit reconfiner dans quelques jours, on sera contents d’avoir envoyé Castex et non pas Macron à la télé. »
Les profits contre la vie
Ainsi, alors que l’exécutif est empêtré dans sa gestion catastrophique de la crise sanitaire et que la population s’enfonce dans une crise sociale d’une violence considérable, l’Élysée semble être préoccupé par la seule question de savoir comment sauver la candidature d’Emmanuel Macron en 2022. D’où les ballons d’essai, les « fuites » – savamment orchestrées – et, au total, les décisions absurdes, voire contradictoires, qui sont autant de symptômes d’une politique à courte vue, typique des start-upeurs de la Macronie.
Depuis le début de la crise sanitaire, le pouvoir semble obsédé par deux chiffres : d’une part, le nombre de lits de réanimation occupés, qui ne doit pas être trop élevé pour éviter des scènes d’engorgement des hôpitaux ; d’autre part, les profits capitalistes, qui ne doivent pas connaître de chute trop brutale et/ou trop durable. Le gouvernement n’a en réalité jamais mis en œuvre de politique sanitaire digne de ce nom : il ne s’agit pas de prendre les mesures qui réduiraient au maximum les contaminations et les morts, mais seulement de maintenir ces dernières à un niveau « socialement acceptable ». Car l’essentiel est ailleurs : faire tourner la machine capitaliste, quitte à adopter des mesures autoritaires et liberticides comme le couvre-feu qui empêche toute vie sociale… tout en permettant l’activité industrielle et commerciale.
Rarement la contradiction entre nos vies et leurs profits aura été aussi visible, mise à nu. Mais force est de constater que la situation sanitaire et sociale, ainsi que les dégâts des politiques du gouvernement sur les individus et les collectifs, pèsent sur les capacités de notre camp social à organiser une riposte suffisamment massive pour imposer d’autres choix, d’autres priorités. Depuis plusieurs semaines toutefois, des mobilisations ont eu lieu dans divers secteurs pour contester sa politique : contre les licenciements et les suppressions de postes le 23 janvier, pour des moyens dans la santé, pour de meilleures conditions d’études dans la jeunesse et de travail pour les personnels de l’éducation nationale, contre le démantèlement du service public de l’Énergie, contre la loi sécurité globale… Mais il manque encore une convergence de tous les secteurs, de toutes les colères, pour faire face au gouvernement.
Un plan d’urgence à imposer, des forces à regrouper
Face à l’épidémie, mais aussi contre la dégradation rapide des conditions de vie et de travail, et le chômage, il s’agit de rendre possible le nécessaire, et une telle convergence doit demeurer un objectif. Elle pourrait s’opérer autour d’un plan d’urgence à imposer au gouvernement, dans lequel figureraient – entre autres – les revendications suivantes :
– La réquisition des entreprises qui jouent un rôle face au virus (société pharmaceutiques, producteurs de tests, vaccins et masques) et une politique de vaccination transparente et massive qui mette fin aux brevets dans l’industrie pharmaceutique ;
– L’interdiction des suppressions de postes, le partage du temps de travail entre toutes et tous pour éradiquer le chômage et ralentir la diffusion du virus ;
– Le refus des mesures liberticides, et la mobilisation de la population pour organiser la prévention et la solidarité ;
– Des conditions d’études accessibles à toutes et tous, sans risques sanitaires pour la jeunesse, en demi-groupes et dans des espaces suffisants, ce qui passe par des embauches massives dans l’éducation.
Au-delà, pour répondre à cette crise inédite et globale du capitalisme (à la fois sanitaire, économique et sociale, sans parler de la crise écologique qui continue), il y a urgence à construire une alternative. D’autant que les échecs du gouvernement préparent une nouvelle montée de l’extrême droite qui n’aura qu’à se saisir des outils juridiques mis en place actuellement pour amplifier la répression et les politiques racistes et antisociales.
L’heure est au regroupement, entre toutes les organisations, les collectifs interprofessionnels (en particulier ceux construits contre la réforme des retraites ou les lois liberticides), pour discuter de comment stopper cette crise et unifier notre camp social, pour reconstruire un rapport de forces favorable au monde du travail. Ce n’est pas avec les prochaines élections que l’on pourra changer la société et combattre l’extrême droite, mais en construisant des mobilisations contre les mesures prises par ce gouvernement, toutes ses attaques réactionnaires, et contre le système qu’il défend.