Publié le Jeudi 3 octobre 2024 à 18h00.

Dumarey-Powerglide Strasbourg va mal mais pas le patron

Dumarey-Powerglide s’oriente vers la fermeture : 590 salariéEs sont concernéEs sans compter les sous-traitants. L’aboutissement de décennies de politique capitaliste.

En 1968, l’ex-GM, General Motors, s’installe à Strasbourg et fabrique des boîtes de vitesses pour l’automobile. L’effectif atteint 3 000 salariéEs dans les années 1980. Pour accentuer la rentabilité financière du site, les dégraissages commencent à partir de 1985 financés en partie par l’État : aides au retour pour les travailleurEs étrangers, pré-retraites (55 ans), chômage partiel. Plans sociaux aussi pendant lesquels le patron tente de licencier une partie des déléguéEs CGT, ce à quoi s’oppose l’inspecteur du travail. Le sous-effectif est alors compensé par l’embauche de CDD et d’intérimaires. Flux tendu pour la production mais aussi flux tendu pour la gestion du personnel. 

Reprise européenne en 2013

En 2013, GM se désengage de ses usines européennes et vend Strasbourg à Guido Dumarey, repreneur d’entreprises en difficulté surnommé le « Bernard Tapie belge », adoubé par la municipalité socialiste, les collectivités locales et le port autonome de Strasbourg. L’État garantit le montage financier permettant la continuité de l’activité avec plus de 700 salariéEs et un client qui représente 85 % des commandes, l’allemand ZF, équipementier pour BMW. Le plan de reprise validé avec l’administration oblige Dumarey à maintenir l’activité pendant trois ans. 

Contrat rempli pendant 11 ans, jusqu’à ce que les salariéEs apprennent subitement fin août que ZF ne passe plus de commande. La crise liée à la baisse des commandes outre-Rhin nécessite des délocalisations vers les pays à faible coût de main-d’œuvre (Audi délocalise au Mexique, par exemple). À cela s’ajoute l’incertitude quant au développement des moteurs électriques. Avec la perte de 85 % de son activité, il est clair que Dumarey-Powerglide s’oriente vers la fermeture, ce qui mettrait sur le carreau 590 salariéEs sans parler de l’impact au niveau des sous-traitants. 

Non au financement public des délocalisations !

En bon capitaliste qui s’est servi pendant toutes ces années en procédant à des achats-ventes d’usines après prise de bénéfices rapides, Guido Dumarey met en place avec ZF un fonds de garantie de 60 millions d’euros pour financer la fermeture de Strasbourg. 

Les salariéEs sont à ce jour dans l’incertitude, aucune annonce officielle n’a été faite au CSE. Pour cette raison, la CGT active sur le site a organisé des débrayages et, le 28 septembre 2024, une manifestation dans les rues de Strasbourg à laquelle s’est associé le NPA67 pour alerter la population et les pouvoirs publiques quant au sort réservé à cette entreprise, autrefois fleuron régional.

Une fois de plus, l’État et les collectivités locales ont financé sans contrôle pendant des décennies des patrons voyous. Guido Dumarey doit rendre l’argent des contribuables et mettre sur la table les bénéfices accumulés grâce au travail de toutEs les salariéEs de son entreprise. La crise de l’automobile, même si le moteur thermique a encore de beaux jours devant lui, nécessite de faire des projets, de réorienter le personnel par de la formation et non de délocaliser pour faire encore et toujours plus du fric.

Correspondant