La précarisation des emplois, sous la forme de contrats à durée limitée, de temps partiel imposé ou de stages, se généralise et touche principalement les jeunes. Depuis des décennies, les gouvernements et le patronat, au nom de la lutte contre le chômage, ont développé et encouragé la création d’emplois précaires. Avec plus de 2,8 millions de salariés en contrats à durée déterminée (CDD), intérimaires ou stagiaires, le taux d’emploi précaire en France a plus que doublé entre 1983 et 2008, passant de 5,4 % à 13 %. Il faut y ajouter les près de 5millions de salariés qui travaillent à temps partiel. L’État, premier employeur de France, n’est pas en reste avec, en 2007, un salarié sur trois en CDD dans le secteur public. Si les chiffres globaux montrent qu’aujourd’hui la précarité concerne l’ensemble du salariat, ils ne rendent pas compte de son inégale répartition, frappant prioritairement les jeunes, les femmes et les travailleurs d’origine étrangère. Que dire alors quand on est les trois à la fois ! La crise ayant fait exploser le chômage, les plus vulnérables sont les premiers licenciés : les CDD et les intérimaires. En un an, de mars 2008 à mars 2009, le nombre d’intérimaires a diminué de 40 %. Toutes les formes de contrats précaires doivent être interdites au profit du seul contrat de travail à durée indéterminée et à plein temps. L’intérim doit être supprimé. Toutes les officines privées – telles que Adecco, Manpower, Verdiobis (dorénavant Randstad) qui détiennent à trois 65 % du marché – doivent être interdites. Il faut instaurer un véritable service public de l’emploi. En prenant en compte toutes les catégories de chômeurs – et pas seulement la catégorie A des demandeurs n’ayant pas travaillé pendant le mois en cours, comme le fait le gouvernement –, le nombre de chômeurs tourne autour de 5millions. La mise en place du revenu de solidarité active (RSA) impose aux chômeurs d’accepter n’importe quel petit boulot très mal payé (au-delà de deux refus, le RSA est supprimé) et généralise le temps partiel.
S’il permet à certains de dépasser de justesse le seuil de pauvreté, le RSA encourage les patrons à sous-payer leurs salariés et à ne plus créer d’emplois stables. Alors que les chômeurs sont dénigrés comme prétendument pas assez flexibles, le patronat licencie et utilise les emplois précaires pour tirer les salaires vers le bas. Chaque fois que les salariés ont accepté de baisser leurs salaires pour sauver leurs emplois, ils ont perdu sur les deux plans, comme l’a montré l’exemple de Continental. Les jeunes sont les premières victimes de la crise et sont de plus en plus exclus du travail. En un an, le taux de chômage des 18-25 ans a augmenté de 35 %, pour atteindre 23,5 %, presque trois fois plus que les 25-49 ans. Plus de 400 000 jeunes de moins de 25 ans, sans emploi, se retrouvent aussi sans minimum social.
Face à cette situation désastreuse, le gouvernement propose la généralisation de la précarité, la dévalorisation des diplômes, le contrôle accru des employeurs sur la formation et les jeunes eux-mêmes. Le NPA refuse la « professionnalisation » dévalorisant les diplômes et revendique une allocation d’autonomie pour tous les jeunes de 16 à 25 ans à hauteur du Smic, pour permettre à tous de vivre et de se former librement. La précarité est un système organisé pour permettre de réduire les acquis sociaux, les salaires et de renforcer le pouvoir patronal sur les salariés. Elle aggrave l’insécurité sociale et la pauvreté au lieu de les faire reculer.
Pour en finir avec la précarité et imposer le droit à l’emploi pour tous, il faut un mouvement d’ensemble national. Et au-delà, lutter pour une autre société qui interdise la confiscation par quelques-uns des richesses produites par le plus grand nombre. Sandra Demarcq