Publié le Mercredi 24 octobre 2018 à 15h00.

Évreux : pour une agriculture paysanne

Contre l’acharnement administratif, la volonté de se battre pour une agriculture paysanne.

Le 17 octobre, à Évreux (Eure), 80 personnes sont venues, à l’appel de « Paysans hors normes », soutenir Gabriel Dufils, petit agriculteur normand en lutte contre l’administration pour la levée du séquestre de son troupeau qui dure depuis 7 ans. Aucune vache ne peut être déplacée, vendue. Interdiction formelle de vendre viande, lait, fromages… des frais, mais pas de rentrée d’argent. En cause, un retard de bouclage de quelques bovins pourtant déclarés officiellement. La machine répressive de l’administration s’emballe. Suspicion et procédure technocratique qui ont, comme pour Gabriel, conduit à la destruction totale du troupeau d’Herfried, 23 vaches, à moins d’un kilomètre de la ferme des Dufils. Une région où un paysan s’est suicidé, écrasé sous son tracteur, à la suite d’un contrôle difficile.

Obstination des autorités administratives

Gabriel est allé jusqu’au Conseil d’État où il a gagné, mais la responsable de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) s’obstine à détruire sa ferme.

Le siège de la DDPP 27 a été occupé tout l’après-midi par des militantEs très remontés. La directrice est venue au contact plusieurs fois, confortant l’expression « parler à un mur ». Échanges musclés, comme le déploiement policier.

À la fin, les occupantEs ont négocié leur sortie sans arrestation, pour rejoindre, en centre-ville, le troupeau municipal (plus de 100 brebis) qui entretient les coteaux et espaces verts de la ville. Sous l’œil des 2 vigiles gardiens des moutons parqués, les barrières et la clôture électrique ont sauté : le troupeau s’est dérouillé les pattes un moment avant d’être remis dans l’enclos. Panique du côté de la police qui essayait de bloquer ce qu’elle pouvait avec voitures et fourgons, klaxons et gyrophares. Berger est un métier ! Pas un vol de bétail comme l’a dit un commissaire, mais un emprunt. Et surtout un signal donné, face aux blocages de l’administration et à sa volonté de détruire la petite paysannerie : nous restons mobilisés !

Thierry Martin