De suppressions d’emplois en restructurations incessantes, du gel des salaires depuis 2010 à la hausse de la charge de travail… les conditions de travail des agents de la Direction générale des finances publiques (DGFIP) se dégradent de jour en jour. Les agents sont au bord de la crise de nerf.
Après cinq années de « révision générale des politiques publiques » (RGPP) sous Sarkozy, le gouvernement Hollande continue la politique de destruction d’emplois publics de son prédécesseur sous un nouveau label : la « modernisation de l’action publique » (MAP). Bercy est sans aucun doute l’un des ministères les plus touchés par les suppressions d’emplois ces dernières années. D’autant plus que ce n’est pas un ministère considéré comme prioritaire et donc il continue de voir ses effectifs fondre. Ainsi le budget 2014 prévoit 2 564 nouvelles suppressions de postes à Bercy, dont environ 2 000 aux finances publiques. Avec ces nouvelles suppressions d’emplois, la DGFIP aura perdu, entre 2002 et 2014, 30 000 emplois. Des suppressions d’emplois doublées d’une réduction drastique des budgets de fonctionnement ayant comme conséquences de ne plus pouvoir payer certains loyers, certains fournisseurs, matériels, et même de rembourser les frais de déplacement et/ou de formations des agentEs.Par contre, la direction générale, elle, ne lésine pas en frais de déplacement pour le « Tour de France des services » du directeur général Bruno Bézard, avec mise en ligne de reportages photos régulièrement sur l’intranet de la DGFIP, faisant ainsi croire au bonheur quotidien des agentEs…
Une détérioration des conditions de travail...La détérioration des conditions de travail des agentEs des finances publiques est la première conséquence de ces politiques de suppressions d’emplois et de réductions budgétaires. Détérioration doublée d’un mal-être, d’une souffrance au travail de plus en plus importante. Malgré les politiques de simplification, de modernisation, d’informatisation à outrance, du tout numérique si cher à la direction, les usagers viennent dans les services, ou sollicitent par téléphone, courrier ou mail. Par an, c’est plus de 32,5 de millions sollicitations auxquelles sont confrontés les 115 000 agentEs. À certaines périodes, le travail des agents dans les services des impôts des particuliers (SIP) ou des entreprises (SIE) ressemble de plus en plus au travail à la chaîne : les statistiques omniprésentes poussent à des temps de réception toujours plus courts, ne permettant pas aux agentEs de donner de bonnes explications alors que le calcul de l’impôt est de plus en plus complexe. Les affaires fiscales comme celle de Bettencourt, Cahuzac ou Tapie ont amplifié l’idée que la justice fiscale n’existe pas pour la majorité d’entre nous et que l’impôt n’est pas un outil utile pour la répartition des richesses. Le manque de moyens humains, les lois fiscales rendant l’impôt de moins en moins progressif empirent donc la situation. Les agentEs sont également de plus en plus confrontés à des usagers énervés, inquiets et désemparés et deviennent le bouc émissaire idéal de leur colère. C’est ainsi que les insultes deviennent monnaie courante et que les agressions physiques sont de moins en moins rares, amplifiant ainsi le mal être au travail.
Mais des résistancesFace à cette situation, les agents des finances publiques ne sont pas résignés. De nombreuses luttes départementales, dans différents services, existent et se développent. Que ce soit à Toulouse, en Seine-Saint-Denis, à la Réunion, ou dans le Cher… des grèves obtiennent souvent gain de cause : moins de suppressions d’emplois et de meilleures conditions de travail. Mais, face aux politiques de suppression d’emplois et de réduction des budgets, c’est bien un mouvement de grève national qu’il faudrait construire. Une perspective rendue difficile par les précédentes journées de mobilisations en demi-teintes et par des directions syndicales peu convaincues par la nécessité ou la possibilité d’y arriver.
Joséphine Simplon