Sur la base d’un rapport d’une inspectrice du travail, qui pointe sévèrement la volonté des dirigeants de France Télécom de se débarrasser de 22 000 salariés, une action pénale est engagée pour « harcèlement moral » devant le parquet de Paris. Chaque année, 10 % des salariés jugés les moins « rentables » sont licenciés. Les pressions psychologiques se multiplient, afin de pousser à la démission : déclassement programmé de salariés expérimentés, mutés sur des postes de débutants ; pause-pipi contrôlée ; espionnage constant du chef sur les conversations téléphoniques des techniciens avec les clients d’Orange, pour vérifier qu’ils lisent bien le « script », un document écrit à l’avance par la direction et dont il convient de ne pas s’éloigner d’une virgule, sous peine de perdre sa prime mensuelle de rendement. On favorise également le passage dans d’autres administrations, sur le seul motif qu’un salarié n’est qu’un « coût » qu’il convient de diminuer par tous les moyens. Il s’agit ni plus ni moins que de multiplier le nombre de démissions. Et ça marche : celui-ci a bondi de 4,5 % à 15 % en trois ans. Les pressions psychologiques subies par les salariés ne sont pas le fait d’un petit chef, mais d’une politique décidée au plus haut. France Télécom fonctionne comme une machine à exclure permanente qui s’appuie sur la maltraitance des salariés. Pourtant, le comité d’entreprise peut refuser ces mesures de management, qui lui sont obligatoirement soumises avant application. Les 46 suicides médiatisés de France Télécom depuis 2008 montrent des méthodes de management employées dans d’autres entreprises et administrations. Chaque année, 39 suicides sont recensés dans la police, 33 dans l’enseignement, 25 dans l’administration de l’équipement, etc.