Après six semaines de lutte pour défendre leur site, les salariés de Freesacle ont dû suspendre leur grève. Un exemple parmi d’autres de l’urgence d’une centralisation des luttes.
L'usine Freescale (ex-Motorola) à Toulouse emploie 1700 salariés, dont 800 produisent en continu des composants électroniques pour l'automobile. Au printemps, la direction a convoqué un CE extraordinaire annonçant la fermeture de l'usine avant fin 2011 et le transfert de la production vers d'autres usines du groupe.
Les patrons ont décidé cette fermeture alors que, les mois précédents cette annonce, les salaires été bloqués, il y eu cinq semaines de chômage partiel et un plan de 170 suppressions de postes. Motorola et Freescale ont pourtant obtenu 20 millions d’aide publique ces dix dernières années. Freescale France a versé 100 millions d'euros de dividendes à ses actionnaires en 2007 et 182 millions en 2008.
Dès l’annonce de la fermeture, les salariés s’organisent en AG, ce qui n’est pas simple dans une entreprise avec de nombreux cadres où depuis des années est entretenue une culture « maison ». Cet été, l’intersyndicale CGT-CFDT-CFTC a envoyé une délégation à la manifestation de Châtellerault et à la réunion des entreprises en lutte à Ford Blanquefort (Gironde).
Le 7 septembre, les ouvriers de la fabrication se sont mis en grève, faisant lien avec ceux de Molex alors toujours en lutte, et se sont rendus à Villemur-sur-Tarn (haute-Garonne) puis à la manifestation du 17 septembre à la Bourse de Paris.
Peu à peu la grève s’est durcie, les grévistes bloquant l’usine pendant dix jours, mettant les clients de Freescale en rupture de stock. Le préfet a envoyé la police pour permettre au patron de sortir la production de l'usine. Les grévistes ont alors orienté leur grève vers l’extérieur (blocages du dépôt de bus ou de l’aéroport).
La direction, qui refuse ou fait pourrir les négociations, fait systématiquement appel au préfet et donc aux forces de l'ordre. Les flics sont présents tous les soirs pour protéger la sortie des non-grévistes. Les grévistes se sont installés dans des tentes devant l’entreprise et la solidarité s'organise.
Mais, au bout de six semaines, la poursuite de la grève devient difficile et il faut garder des forces dans une bataille de longue haleine, la fermeture étant planifiée pour 2011. Le 9 octobre, ils ont décidé de suspendre la grève, de maintenir un comité de vigilance, d'organiser des AG régulières et de refuser toujours les indemnités planchers que la direction veut imposer. Ils seront présents à Paris, le 22 octobre, et soutiendront toutes les luttes des salariés du département.
Myriam Martin