Du 1er au 5 février, la FSU a tenu son 8e congrès national au Mans...
L’enjeu du congrès était clairement le positionnement de la FSU vis-à-vis du gouvernement et donc dans le paysage syndical français. En effet depuis plusieurs mois, la FSU, dont la direction refuse de s’affronter à Valls et Hollande, ne s’est pas retrouvée aux côtés de ses partenaires habituels : la CGT et Solidaires. Dès septembre, après un vote très serré au sein de sa direction nationale, la FSU signait l’accord sur les carrières et les rémunérations dans la fonction publique (PPCR), alors que la CGT, FO et Solidaires refusait de signer cet accord totalement insuffisant du point de vue salarial.
Puis, suite aux attentats de novembre, la FSU n’a pas demandé la levée de l’état d’urgence et n’a donc participé à aucun des collectifs nationaux demandant sa levée immédiate, alors que la CGT, Solidaires ou encore RESF, ainsi que plusieurs de ses syndicats nationaux et de ses sections locales, en faisaient partie.
Enfin juste avant le congrès, la FSU n’a pas appelé nationalement à la grève sur les salaires avec la CGT, FO et Solidaires, se contentant de la soutenir. Mais là encore, plusieurs de ses syndicats et même plus de 80 sections départementales, ont fait le choix de rejoindre l’appel à la grève sur les salaires.
Les conditions semblaient donc réunies pour que le congrès tranche clairement cette question : soit, comme le proposait la majorité (Unité et Action) de la FSU au début du congrès, défendre un syndicalisme de « négociation et de proposition » et tomber dans le piège du « dialogue social » permanent proposé par Valls et Hollande comme la CFDT et l’UNSA ; soit contester la politique menée par la direction de la FSU depuis 2012 et essayer de reconstruire un syndicalisme offensif qui refuserait la négociation « à froid » dans les ministères et ferait le choix de la construction du rapport de forces face à un gouvernement de combat, en impulsant les luttes dans son secteur et en poussant à leur convergence.
Retrouver le chemin du syndicalisme de transformation sociale...
Si les votes sur certains amendements, comme sur la loi de refondation de l’école, ont bien prouvé que de nombreux délégués étaient favorables une position bien plus offensive vis-à-vis du gouvernement, cette grogne ne s’est pas « cristallisée » en une véritable contestation organisée de la direction qui aurait pu permettre un changement d’orientation au sortir du congrès. Pourtant, force est de constater que de plus en plus de syndiquéEs se rendent compte qu’en matière sociale comme en matière éducative, il n’y a pas eu de rupture avec le gouvernement précédent.
Par exemple, sur l’état d’urgence, il a été obtenu que la FSU, notamment parce qu’une large majorité de sections départementales s’étaient déjà prononcées en ce sens, demande « aujourd’hui » sa levée. Si cette avancée sera un point d’appui pour les militants localement, elle n’a pas encore permis d’amener la direction à signer les appels unitaires s’inscrivant dans la sortie de l’état d’urgence (comme la pétition en ligne « Pour nous, c’est définitivement non ! »).
De même, les textes adoptés ont en partie réaffirmé, en théorie, les liens privilégiés entre la FSU, la CGT et Solidaires. Mais au moment de la mise en pratique dans le texte sur les suites de l’action, le congrès n’a pas été capable de se doter d’un mandat clair pour un nouvel appel à la grève sur les salaires dans la fonction publique qui aurait permis à la FSU de rejoindre la CGT, FO et Solidaires dans la construction des suites du 26 janvier. Cette question est repoussée à un vote de la direction nationale qui tranchera la question de l’appel à la grève.
Et pour les Goodyear, si une motion a été votée et une « photo de soutien » réalisée, la direction a refusé de changer l’ordre du jour pour aller à la manif de soutien locale du 4 février qui avait lieu au Mans… à 5 minutes du congrès ! Comme plus d’une centaine de délégués, y compris de la majorité, nous avons donc décidé de participer malgré tout, dans un cortège dynamique, à cette manif, où les militants de la CGT ont apprécié le soutien de la FSU.
En conclusion, il y a encore du chemin à parcourir pour que la FSU retrouve le chemin du syndicalisme de transformation sociale duquel elle s’écarte depuis des mois. C’est ce à quoi nous avons œuvré, avec d’autres, même si le cadre de débat plutôt « cadenassé » démocratiquement ne nous a pas permis d’aller aussi loin que nécessaire.
CorrespondantEs du NPA présents au congrès de la FSU