Signe des temps ou campagne orchestrée ? Le quotidien les Échos a publié le 19 octobre 2015 deux articles sur les « conflits violents », pour reprendre l’expression du journal.
Un de ces articles contient un souhait exprimé par Jean-Paul Charlez, président de l’Association nationale des DRH : « J’espère que dans l’affaire d’Air France, les juges ne seront pas indulgents devant les fauteurs de troubles : le dialogue social ne doit pas être constitué de faits regrettables ». Pour ce monsieur, bon serviteur de sa classe, le « fait regrettable », c’est la chemise, et non la décision d’une entreprise qui fait des profits de supprimer depuis des années des milliers d’emplois. De plus, il appelle à des sanctions judiciaires dures... alors que même les Échos reconnaissent qu’une condamnation serait une première.
Les socialistes au pouvoir oscillent verbalement entre un soutien sans nuances aux patrons – Valls – et des contes à dormir debout – Hollande sur RTL, le 19 octobre aussi, juste avant sa conférence sociale-bidon : « Nous devons vivre dans une société apaisée »... Le coup classique des interrogatoires policiers, celui du bon et du mauvais flic. Le mauvais menace et éventuellement cogne, le bon offre un café et dit qu’il comprend... pour mieux enfumer !
Tout se résume en réalité à cette question éternelle d’une chanson du mouvement ouvrier américain écrite en 1931 par la militante de la grève des mineurs Florence Reece : « Which side are you on ? There are no neutrals there » : « de quel côté êtes-vous ? Il n’y a pas de neutralité ». Ceux qui donnent aujourd’hui des leçons aux salariéEs d’Air France et font la distinction entre les prétendus « violents » et les autres, ont choisi leur camp : ce n’est pas le nôtre.