Publié le Jeudi 7 janvier 2010 à 21h12.

GRDF : l’action syndicale comme cible

La direction de GRDF a tenu à faire un exemple, en licenciant Nordine Mahroug malgré une grève de la faim de dix-huit jours.Viré pour l’exemple. Nordine Mahroug, agent GRDF rattaché au site de la rue Pétrelle (Paris 9e), douze ans d’ancienneté, se retrouve dans une situation précaire. Ce père de deux enfants a non seulement perdu son emploi, le 15 décembre dernier, mais en plus, il va perdre son logement, lié à son statut de salarié de l’entreprise. Son tort ? Avoir activement participé, aux côtés de SUD, au mouvement de grève d’avril et mai 2009. Car le dossier sur lequel s’est appuyée la direction pour le licencier était monté de toutes pièces. Il lui était reproché d’avoir rédigé un document injurieux à l’encontre de la hiérarchie – en fait, un papier accroché sur le panneau syndical dénonçant ceux qui arrachaient les informations destinées aux salariés –, de ne pas avoir restitué dans les délais un véhicule – mission impossible en respectant la période de repos minimale – et, enfin, d’avoir falsifié ses horaires d’intervention. Ce dernier argument s’appuyait sur des déclarations de témoins qui ne sont ni plus ni moins que des cadres de GRDF ! Pour dénoncer cette attaque en règle du droit de grève – 240 procédures disciplinaires sont en cours à ERDF-GRDF –, deux responsables de SUD-Energie, Yann Cochin et René-Michel Millambourg, se sont mis en grève de la faim pendant dix-huit jours. Revendications : réintégration de Nordine Mahroug et levée des sanctions. Nordine Mahroug, contraint de se réalimenter pour raisons médicales, est resté jusqu’au bout aux côtés de Yann Cochin dans le local syndical. De son côté, la direction de GRDF a tout fait pour étouffer l’affaire, transformant l’unité de la rue Pétrelle en véritable bunker gardé par des vigiles, inaccessible aux soutiens, aux proches et à la presse. René-Michel Millambourg, sorti protester contre cet isolement forcé, n’a pas pu regagner le local syndical et a dû planter une tente, une rue plus loin, devant le siège social de GRDF. Et peu importait qu’il fût délégué syndical… La veille de Noël, au onzième jour de grève de la faim, un rassemblement avec la présence de Solidaires et de la CGT, mais aussi de personnalités politiques comme Olivier Besancenot (NPA), Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard (Parti de gauche), Christian Picquet (Gauche unitaire), Francine Bavay (Alter­Ekolo) et Jean-Luc Boislaroussie (Les Alternatifs), a attiré près de 200 personnes. Ayant engagé une procédure judiciaire qui s’est traduite par une audience en référé le mercredi 30 décembre, la direction, appuyée par des constats d’huissiers quotidiens, a eu le cynisme d’invoquer l’état de santé de Yann Cochin (qui avait perdu 11 kg) et de considérer les syndicalistes comme extérieurs à l’entreprise, Nordine Mahroug ayant été licencié et Yann Cochin appartenant à EDF, pour demander leur expulsion. Jusqu’à la fin, elle n’a proposé que des mesures d’accompagnement au licenciement : maintien du logement jusqu’à la fin mars (fin de la trêve hivernale), financement d’une formation et d’un service d’aide à la recherche d’emploi. Très affaibli, Yann Cochin a dû être hospitalisé d’urgence le 31 décembre au matin, avant de pouvoir sortir très tard dans la soirée, et la grève de la faim s’est terminée le 1er janvier. Ne croyant pas au recours interne et ne voulant pas attendre la fin d’une procédure prud’homale, SUD appelle à prolonger la lutte contre les sanctions syndicales par d’autres moyens : mobilisation, interventions des élus, etc. Thomas Mitch