Publié le Vendredi 18 décembre 2009 à 18h59.

Grippe H1N1 : improvisations

Les modalités de la vaccination montrent les contradictions du gouvernement.Chaque journal télévisé apporte à la rubrique « grippe H1N1 » son lot d’images : reportages dramatisant les cas graves, peu nombreux, de personnes ayant développé des complications nécessitant des soins lourds et prolongés, files d’attentes interminables de familles, contraintes d’attendre des heures, dans des conditions précaires pour obtenir le vaccin. Cela résume assez bien les contradictions dans lesquelles le gouvernement se débat, du fait de ses choix politiques. Faute de convaincre, la peur devient le principal argument du gouvernement. Reportages sur des enfants ayant « miraculeusement » survécu, personnes ayant une atteinte grave et peut-être définitive de leur système respiratoire, dramatisation sur deux cas de virus muté… Le « choc des images » est là pour court-circuiter la réflexion. La palme de cette communication par la peur revient sans doute à Roselyne Bachelot se proposant d’emmener des collégiens peu convaincus voir, dans un service hospitalier, des enfants de leur âge aux poumons détruits. Cet appel à l’irrationnel ne peut qu’amplifier, en miroir, la version du « grand complot » des laboratoires ayant sciemment répandu la maladie pour vendre les vaccins et autres arguments délirants, largement véhiculés sur internet. Là où une politique de santé publique devrait chercher à expliquer et à convaincre pour permettre à chacun de comprendre l’intérêt et le risque de choix thérapeutiques, la propagande gouvernementale et son appel à l’irrationnel laissent des millions de familles dans la perplexité et l’angoisse face aux décisions à prendre. Parallélement, le gouvernement s’avère incapable de faire face à l’afflux très modéré de personnes vers les centres de vaccination : files d’attente et délais deviennent insupportables. Les conditions dans lesquelles s’effectue la vaccination sont problématiques. Les réquisitions rendant obligatoire la participation de professionnels censés au départ être volontaires provoquent la colère des intéressés. On mesure devant ces difficultés ce que serait la situation face à une brusque accélération de l’épidémie ou à une mutation du virus le rendant plus virulent !

Le pouvoir paye ainsi son choix d’une vaccination systématique dont le but était prioritairement le maintien au travail à tout prix des salariés (et non le souci de leur santé) dans un contexte d’affaiblissement depuis des années du service public de santé, seul apte à structurer et à coordonner la réponse à une situation exceptionnelle avec l’ensemble des professionnels.

Improvisation également dans les indications du nombre de doses à faire et du type de vaccins à utiliser. D’autres choix étaient possibles, s’appuyant sur une politique d’information honnête et claire de la population, une vraie politique de prévention, une vaccination ciblée sur des personnes vulnérables, la fermeture temporaire si nécessaire d’entreprises ou d’établissements, avec maintien intégral du salaire, Mais cela relève d’une autre politique. Jean-Claude Delavigne