Publié le Jeudi 16 janvier 2025 à 18h00.

L’hôpital grippé par les politiques libérales

L’épidémie de grippe saisonnière, donc prévisible, met à mal les hôpitaux. Plus de 97 établissements ont dû déclencher des Plans blancs, reporter des interventions pourtant urgentes, rappeler des personnels déjà épuisés pour ouvrir des lits.

Avec le manque de personnels et les fermetures de lits, les hôpitaux et les urgences étaient déjà à la limite de la saturation. La grippe les met à terre. Les urgences deviennent un véritable goulet d’étranglement, coincées entre l’explosion des déserts médicaux et la montée des tarifs des consultations médicales d’un côté, et de l’autre la fermeture des lits dans les services. Personnels et usagers paient l’addition d’années de mépris pour le droit à la santé.

Urgences et austérité dans la santé, combien de morts évitables ?

À Villeneuve-Saint-Georges, une jeune femme de 26 ans meurt dans la salle d’attente des urgences. Une enquête est ouverte. Ce drame survient deux jours après le décès inexpliqué d’une autre patiente de 20 ans, qui attendait depuis de longues heures sur un brancard aux urgences de Longjumeau. Une nuit sur un brancard pour un patient de plus de 70 ans augmente de 40 % le risque de mortalité hospitalière selon une étude Inserm, AP-HP, Université de Rouen ! Une situation ­quotidienne aux urgences !

Madame Borne, notre ancienne Première ministre, avait expliqué que sans le vote du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité Sociale), les cartes Vitale n’allaient plus marcher, les assuréEs ne seraient plus rembourséEs, les hôpitaux plus facturés. Rien de tout cela n’est arrivé. Non, ce qui fait bugguer le système de santé, ce sont les 17 000 fermetures de lits depuis la crise Covid, malgré les promesses ; c’est l’absence d’embauche et les 20 000 postes de praticienNEs hospitaliers vacants ; c’est la tarification à l’activité ; ce sont les 83 milliards d’euros d’exonération de cotisations sociales qui plombent la Sécu. En clair, les années de politiques libérales.

Un budget d’austérité pour la santé qui doit être censuré !

Le budget de la Sécu de Barnier prévoyait 14 milliards d’euros d’économies, et un Ondam (Objectif de dépenses d’Assurance maladie) à seulement 2,8 %, alors que même les directeurs d’hôpitaux réclamaient + 6 %. La descente aux enfers allait s’accélérer. Le gouvernement Bayrou risque de suivre ces traces. La colère monte à voir le Parti socialiste essayer de négocier un accord avec le gouvernement : une promesse de « suspendre » quelques mois — même pas d’abroger —la réforme des retraites, et le PS s’engage à ne pas censurer Bayrou, Vautrin, Neuder et leur budget d’attaque contre la Sécu et l’hôpital qui nous tue !

PersonnelEs et usagerEs : un mouvement unitaire et coordonné 

À Villeneuve-Saint-Georges, en décembre, pour alerter contre le manque de personnels et de lits, les urgences s’étaient mises en grève. Elles avaient gagné des créations de postes d’infirmierE, d’aide-soignantE, d’agentE d’accueil, d’un coordinateurE pour le parcours aux urgences et la fin des 48 heures de carence pour le remplacement en heures supplémentaires pour toutes les catégories professionnelles. La lutte avait payé. Mais c’est partout qu’il faudrait un mouvement unitaire, coordonné, intersyndical pour imposer des embauches et des lits. 

Dans les suites de la tribune unitaire de Lucie Castets sur le budget de la santé, signée notamment par les responsables des quatre partis du NFP, de nouvelles initiatives unitaires sont prises pour des rassemblements devant les hôpitaux. 

Ensemble, le Tour de France pour la santé, les jeunes de Victoires populaires, les collectifs inter-hôpitaux et inter-­urgences, des syndicats et collectifs d’usagerEs, Attac préparent de premiers rassemblements devant les hôpitaux le 18 janvier, comme Nantes, Lyon, Lille, Versailles, Bichat soutenus par les politiques. En Bretagne, à Guingamp, le 1er février aura lieu aussi un rassemblement unitaire. Des premiers pas pour construire un mouvement où « citoyenNEs, usagerEs du système de santé, soignantEs en souffrance, syndicats, associations et collectifs, mutuelles, partis politiques et éluEs se mobilisent pour assurer le droit à la santé, et un budget de la Sécurité sociale qui répare l’hôpital public et donne les moyens d’un accès aux soins de proximité, pour tous et toutes, sur tout le territoire ».

Frank Prouhet