Publié le Jeudi 9 décembre 2010 à 15h33.

Le nouveau chantage de Fiat à l'usine Mirafiori de Turin

Fiat procède à un nouveau chantage. Après l’usine de Pomigliano, l’usine Mirafiori à Turin, principale usine de Fiat en Italie et lieu emblématique des luttes ouvrières européennes des décennies passées, est visée. Le plan Fiat est d’en faire une « nouvelle » usine qui serait gérée par une nouvelle entité juridique Fiat-Chrysler employeur de 5 500 salariés travaillant actuellement sur le site de Turin. Et qui dit nouvelle société dit aussi nouvelles conventions collectives et remise en cause des avantages acquis. D’un côté Fiat et Chrysler annoncent qu’ils sont prêts à investir plus d’un milliard d’euros dans l’usine de Turin pour en faire une plate forme de production à destination de l’Europe, mais surtout de l’Amérique du Nord et du reste du monde comme débouché majoritaire. L’objectif serait de produire à Mirafiori de 250 000 à 280 000 véhicules par an. Le total des voitures produites en 2009 dans l’usine était de 178 500 avec une prévision de 120 000 pour l’année 2010. De l’autre, le président de Fiat, Sergio Marchionne, a détaillé vendredi 26 novembre, ses objectifs "il s’agit de permettre, en modifiant les horaires de travail et l’organisation interne de la production, une utilisation maximale du système." Et il propose aux syndicats une discussion avec différentes solutions possibles. Mais les trois hypothèses proposées par la direction de Fiat s’inscrivent toutes dans ce même objectif La première est constituée par la mise en place de trois équipes par jour pendant cinq jours. La seconde est la copie de ce qui a été appliquée dans l’usine de Pomigliano : trois équipes par jour pendant six jours. Enfin, la troisième repose sur deux équipes de dix heures pendant quatre jours. Les pause seraient réduites de 30 minutes et un volume de 120 heures annuelles serait laissée à disposition de l’entreprise sans négociation avec les syndicats sur leur utilisation Les syndicats, UGL FISMIC, qui avaient entériné l’accord de l’usine de Pomigliano ont , dans un premier temps, été à prêts à s’incliner devant ces nouvelles exigences patronales. Le syndicat le plus militant la FIOM n'avait pas accepté l'accord chantage de Pomigliano et se retrouvait à nouveau confronté à la nécessité d’engager une lutte sans concession et efficace pour gagner.

Les négociations que Fiat avaient engagé avec tous les syndicats ont pourtant été suspendues vendredi 3 décembre. Le responsable de la FIOM pour l’automobile a ainsi défini la politique de Fiat : ils veulent un contrat dans lequel ils prendraient les articles qui leur plairaient comme on choisit des produits dans les étagères d’un supermarché. Ils veulent un contrat qui s’affranchit des règles sociales italienne et européennes, c’est à dire une sorte de zone franche »... Même des syndicats qui avaient accepté le chantage précédent de la direction refusent aujourd’hui d’avaliser les propositions de Fiat. Naturellement, la ministre de l’industrie de Berlusconi a volé au secours de Fiat : «L'investissement prévu pour la Fiat Mirafiori est tellement important pour l'avenir l'économie italienne que cela exige l'abandon de tous les préjugés et du formalisme rigide ».

Et déjà Fiat fait courir la menace que l'investissement prévu à Mirafiori pourraît être "délocalisé" aux Etats-Unis à Belvidere dans l'Illinois. C'est encore un chantage à dénoncer car il est possible d'empêcher Fiat de démanteler selon son bon vouloir. C'est bien la force des salariés qui peut empêcher ces plans. C’est clairement toujours plus de flexibilité qui exigé par le patronat et les gouvernements à leur service. La bataille qui se noue à l’usine Fiat de Mirafiori concerne les salaires et les conditions de travail de tout le secteur automobile.