Publié le Samedi 21 mai 2011 à 11h33.

Le PS et la santé

«La protection sociale ne doit pas reculer. Au contraire nous voulons qu’elle puisse évoluer pour mieux répondre aux besoins des Français... », « pour nous socialistes c’est clair : la santé n’est pas un service comme un autre, c’est un droit fondamental qui ne peut pas être confié au marché. » Ces extraits du programme santé et protection sociale du PS pour 2012 sonnent bien, après deux quinquennats marqués par la contre-réforme permanente de la Sécurité sociale et de l’hôpital public. Dans ce domaine au moins, le PS serait-il décidé à une rupture, au moins partielle, avec les politiques menées sous Chirac puis Sarkozy ? À lire le diagnostic, le lecteur du programme pourrait l’espérer un instant : « les déserts médicaux gagnent du terrain… », « de plus en plus de patients renoncent à se faire soigner ou retardent les soins. Les inégalités de santé atteignent un niveau intolérable », « l’hôpital public est en grave difficulté »... Le programme dénonce entre autres la « mise en concurrence avec les structures privées » et le « manque de personnel ». Après un tel constat, le minimum pour un parti « de gauche » serait l’annonce de l’abrogation de l’ensemble des textes qui ont abouti à cette situation. Il n’en est pourtant rien. La vigueur de la dénonciation rend d’autant plus impressionnant le vide des propositions. Le programme du PS se cantonne à des aménagements à la marge, peu contraignants, sans revenir sur les contre-réformes elles-mêmes. Il prétend seulement limiter, de manière vague, les dépassements d’honoraires, les restructurations hospitalière ou les « effets pervers » de la nouvelle tarification des hôpitaux. Il s’inscrit totalement dans la logique de la loi Bachelot qui réduit les missions et la place de l’hôpital public en prétendant lui substituer des professionnels libéraux regroupés en « maisons médicales ».Ce programme santé et protection sociale du PS présente donc pour le ou la futurE candidatE l’avantage de permettre des dénonciations de tribune contre la politique de Sarkozy, pendant la campagne électorale, en ne l’engageant sur rien de contraignant une fois arrivéE aux affaires. C’est que, sur le fond, le PS et la droite partagent la même perspective libérale : réduire le « coût du travail », et pour cela exonérer définitivement les patrons du financement de la Sécurité sociale en transformant les cotisations sociales (payées par les employeurs) en impôts (payés pour l’essentiel par les salariés et les classes populaires). Certes le financement par l’impôt sur le revenu, taxation progressive qui touche davantage les plus hauts revenus, est plus juste que le financement par la TVA préconisée en 2007 par Sarkozy qui, elle, frappe d’abord les plus pauvres. Mais sur le fond le résultat est le même : réduire la part des salaires (dont les cotisations sociales), ce qui permet d’accroître d’autant la part des profits.Face à ce programme d’alternance sans changement, il est vital de ne pas attendre 2012, mais de construire dès aujourd’hui l’outil d’une mobilisation pour le droit aux soins gratuits et d’accès facile pour tous, dont la journée unitaire du 2 avril a été la première échéance. Comme pour les retraites et pour la dépendance, l’enjeu c’est un autre partage des richesses.

Jean-Claude Delavigne