Publié le Samedi 8 octobre 2011 à 09h33.

Les facteurs d’Échirolles se mobilisent

Samedi 1er octobre, les facteurs d’Échirolles (Isère) se sont installés devant leur bureau de poste de rattachement pour appeler la population à les soutenir. Belle journée, belle réussite. De 8 heures du matin à midi, près de 80 personnes étaient rassemblées en permanence : habitants, représentants syndicaux (SUD, CGT, FO), et de partis politiques locaux (PC, Front de Gauche, LO, NPA). La presse locale avait aussi fait le déplacement.

C’est le 6e jour de grève de ces postiers pour lutter contre la suppression de 3,5 tournées de distribution de courrier représentant cinq emplois en moins. C’est aussi une résistance à l’augmentation continue de la quantité de travail avec des tournées qui sont et seront de plus en plus chargées dans une commune de la couronne grenobloise en constante évolution urbaine depuis quinze ans.

Cette lutte avait démarré en mai 2011, entraînant plusieurs centres de distribution du sud Isère. Seul, celui d’Échirolles, par sa forte mobilisation, avait obtenu le report de la réorganisation, avec une promesse de la part de la direction de re-comptage du volume de lettres. En septembre, la direction est revenue avec les mêmes chiffres (à treize lettres près) et donc les mêmes propositions avec l’intention de les mettre en application pour mi-octobre. Malgré les pressions de la direction sur certains facteurs (chantage à la mobilité, à l’évolution professionnelle), le mouvement est majoritaire et intersyndical. Le ras-le-bol est fort.

Un facteur échange avec un collègue aujourd’hui à la retraite : « J’ai 20 ans de boîte et je milite aujourd’hui car on m’a enlevé petit à petit mon outil de travail. Il y a déjà eu le regroupement il y a quelques années dans un même bureau de poste de secteur nous éloignant de notre zone de distribution. On m’a imposé le scooter pour faire les trajets entre mon centre de rattachement et ma zone de distribution, alors que faire sa tournée en vélo est bien plus pratique. [...] Le tri du courrier est aussi fait dans des conditions bien plus difficiles et c’est une course quotidienne pour terminer sa tournée sans heures supplémentaires à faire. » Ou bien d’autres encore : « quand on dépasse l’horaire, la direction vous fait comprendre que c’est de votre faute car le travail est mal fait », « la sécabilité qui consiste à prendre des morceaux d’autres tournées quand cela arrange la direction on n’en veut pas ».

La direction est également venue apprécier la situation et défend que ces changements se font en toute concertation... mais « en refusant de rencontrer l’ensemble des salariés en lutte », comme le fait remarquer une militante de SUD, en faisant référence à une action qui s’est déroulée dans la semaine. Ici, tout le monde sait que l’objectif de la direction est la poursuite de l’application du plan de restructuration de la distribution du courrier, le bien nommé cyniquement « facteur d’avenir », qui s’inscrit lui même dans le grand mouvement de démantèlement du service public postal avec à la clé 50 000 suppressions de postes en cinq ans et aussi une augmentation sans précédent de la productivité, source de stress au travail.

Lundi 3 octobre, une assemblée générale devait décider des suites du mouvement. Pour l’heure, c’est la solidarité qui s’exprime à travers cette journée à quelques jours de la mobilisation du 11 octobre.

Correspondant NPA Isère