Publié le Samedi 25 juin 2011 à 19h39.

À l’offensive ?

Le 10e congrès de la fédération CGT des services publics a eu lieu du 23 au 26 mai à Ajaccio. Regroupant les syndicats des agents territoriaux, cette fédération de 70 000 adhérents au profil plutôt combatif a, pendant le mouvement contre la casse des retraites,  fait le choix de populariser les reconductions et s’est aussi opposée à la signature des accords Tron sur la résorption de la précarité.Après un processus d’amendements en amont du congrès, les syndicats devaient voter globalement deux grandes résolutions, comportant chacune dix décisions, vote rendant impossible un avis différencié sur chaque décision.

En l’absence de possibilité d’amender les résolutions et de votes par décision, le débat du congrès lui-même était donc très encadré, limitant sa portée à un « groupe de travail » de mise en œuvre d’orientations déjà validées. Si quelques délégués ont contesté ce fonctionnement, la majorité des congressistes, dont beaucoup assistaient à leur premier congrès, n’y a pas trouvé à redire.Le discours introductif du secrétaire général était combatif : solidarité avec les révolutions arabes et le peuple palestinien, importance des mobilisations européennes, nécessaire riposte contre le FN en refusant catégoriquement toute idée de préférence nationale, en défendant la frontière « de classe » et la « répartition des richesses », l’importance des luttes interprofessionnelles…

Alors que les territoriaux ont souvent été engagés dans des mouvements reconductibles et des actions de blocage, peu de critiques ou même d’interrogations se sont exprimées à propos de la politique confédérale au moment du mouvement sur les retraites. Quelques syndicats sont intervenus, orientant plutôt leurs critiques en direction de syndicats CGT de base ayant refusé de jouer la carte de la mobilisation, ou exprimant des réserves sur l’absence d’un appel clair à la reconduction et de « soutien logistique » (travail de coordination des équipes en lutte…) de la part de la fédération. La critique de la confédération s’est manifestée au travers de protestations contre la présence de Malakoff Méderic dans les exposants installés sur les lieux du congrès par un « partenaire » de la confédération. Cette « caisse de retraite » co-administrée par les confédérations syndicales et les organisations patronales, est dirigée par Guillaume Sarkozy qui, avant la réforme des retraites, a créé avec CNP assurances une filiale « dédiée à l’épargne salariale et à l’assurance retraite supplémentaire »...

Le document d’orientation défendait la perspective d’un « statut unifié de la fonction publique » et en parallèle un travail sur « l’évolution des champs fédéraux ». Si tout le monde concevait l’intérêt du renforcement des liens entre les syndicats et fédérations des trois versants de la fonction publique (d’État, hospitalière et territoriale), certains congressistes ont exprimé leur inquiétude à la perspective de ce « rapprochement des outils fédéraux » et à terme d’une seule fédération. D’autant que l’accord des deux autres fédérations pour signer les accords Tron sur la précarité l’a emporté malgré le désaccord de la fédération des services publics. Des congressistes ont aussi exprimé leur interrogation sur un possible renforcement du contrôle des instances fédérales au travers d’une réforme des structures de coordination régionale.

De nombreux congressistes sont intervenus pour dénoncer la multiplication des pressions et des entraves aux libertés syndicales dans les collectivités de droite comme « de gauche ».Les mobilisations contre la précarité étaient aussi dans les débats, avec la multiplication, dans les collectivités locales, du recrutement de non-titulaires et des délégations de services publics. Une motion a été votée pour une loi de titularisation de tous les précaires.

Correspondant