Après les premières suppressions d’emplois et de fermetures annoncées par Sanofi, Michelin et Auchan, de nouvelles annonces de suppression d’emploi tombent chaque semaine, presque chaque jour.
La filière automobile est la plus touchée. Dans le cadre d’une situation au moins européenne les restructurations engagées chez Renault, les baisses de production continues chez Stellantis tentent de répondre à la concurrence exacerbée, à la stagnation voire aux baisses des ventes notamment dans l’électrique qui s’inscrivent dans la durée.
Dans toutes les branches,
toutes les régions
Les mesures décidées ou envisagées impactent d’ores et déjà plusieurs sous-traitants ou équipementiers que ce soit Valeo (Normandie, Sarthe, Isère), Amis (Montluçon), Dumarey et Novarex en Alsace, et en contrecoup, Michelin. Dans la chimie, la fermeture de Vencorex (Isère) et celle de WeylChem Lamotte (Oise) pourraient bien n’être que l’amorce d’une séquence importante de suppressions d’emplois dans ce secteur. Et au-delà de ces exemples qui ont plus ou moins franchi le mur du silence médiatique ce sont des dizaines (centaines) de milliers d’emplois qui sont condamnés dans les mois qui viennent dans de multiples branches (sidérurgie, alimentation, habillement). L’expérience montre qu’à ces milliers de suppressions de postes de travail dits « directs » il convient d’ajouter 3 à 4 fois plus de suppressions d’« indirects » que ce soit dans le commerce, les transports et même les services publics. Même si certaines régions comme le Nord, l’Est ou l’Ouest sont particulièrement impactées, tous les territoires risquent de connaître ces situations désespérées.
Et pendant ce temps-là le gouvernement regarde ailleurs
À la question du journal les Échos, le 22 novembre, « la multiplication des annonces de plans de licenciement augure-t-elle selon vous d’un retournement du marché du travail ? », la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, ose répondre : « Non. Des tensions mais pas un retournement. Il faut être lucides et mobilisés, sans verser dans le catastrophisme ». Osera-t-elle aller tenir ce discours à Cholet, Vannes ou dans l’Isère ? Même le très officiel OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) se montre nettement plus pessimiste pour la fin de l’année, mais surtout pour 2025 avec 143 000 emplois en moins et un taux de chômage qui se hausserait à 8 % en fin d’année prochaine. Pour le gouvernement, il semble n’y avoir pas de sujet, tout juste l’occasion de mesures de répression contre celles et ceux qui comme à Cholet tentent de défendre leurs moyens de vivre : sept ouvriers, dont un militant de la CGT, étaient convoqués au tribunal d’Angers vendredi dernier à la demande de Michelin qui se permet d’invoquer sa « liberté » du travail avec l’appui de l’appareil judiciaire à défaut de pouvoir dans l’immédiat assumer politiquement une intervention des forces de police contre le piquet de grève.
Élargir la riposte
Sur de nombreux sites, la mobilisation se construit. Mais on est encore « chacun dans son coin » et bien souvent sur la revendication d’un « départ digne ». Devant l’ampleur de la purge annoncée, entamée, c’est plus que jamais un « tous ensemble » qu’il faut construire. Dans les filières, dans les régions. En lien avec la défense de l’emploi public lui aussi violemment attaqué. L’interdiction des licenciements, la suppression des aides au patronat accordées tant par les gouvernements de droite que de gauche, la réduction du temps de travail ne seront pas obtenues lors de batailles parlementaires. Plusieurs dates de mobilisation dans le public comme dans le privé sont au calendrier de décembre. Nous devons nous en saisir pour amplifier les mobilisations encore trop éparses pour faire reculer patronat et gouvernement.
Robert Pelletier