La « guerre contre le coronavirus » de Macron s’arrête aux portes – et aux profits – des grandes entreprises. Il instaure un confinement généralisé de la population – avec, en cas d’infraction, amendes et même peines d’emprisonnement - mais… au nom d’un soi-disant « intérêt national », il autorise certaines entreprises non indispensables à continuer de fonctionner, au mépris de la santé des salariéEs, de leurs proches et du reste de la population. Nombre de salariéEs refusent de plus en plus de servir de chair à canon, comme ici, à Crolles (Isère), sur le site industriel de STMicroelectronics. Un site qui est loin d’assurer aujourd’hui une production indispensable à la vie de la population : des puces électroniques pour les téléphones, les automobiles… pas pour les équipements médicaux. Mais qui emploie quelque 4 500 salariéEs, contraints de se côtoyer au travail, mis en danger et risquant de propager le virus à l’extérieur, dans l'ensemble de la vallée de Grenoble, à Chambéry, etc.
Pour maintenir coûte que coûte la production, la direction de l’entreprise n’a pas hésité à s’en donner les moyens : gel hydroalcoolique produit sur place, 20 000 masques chirurgicaux par semaine, cagoule de salle blanche nettoyée chaque jour… Tout ça pour produire des puces alors que ces moyens sanitaires essentiels manquent dramatiquement dans les hôpitaux, les EHPAD ou les commerces ! Néanmoins, pour le syndicat CGT STMicroelectronics, les mesures de la direction sont loin de répondre à l’urgence de la situation. Il réclame une fermeture temporaire du site. Le 18 mars (deux jours après le début du confinement), il a déclenché une procédure de DGI (danger grave et imminent). Elle a été validée le 20 mars par le CSE (comité social et économique) du site. L’Inspection du travail s'en est saisi et a rendu son rapport qui conforte la procédure engagée par le syndicat. L'affaire est maintenant dans les mains du directeur de la DIRECCTE et traitée au niveau national.
Pour une fermeture temporaire du site
La procédure de DGI a permis d'encourager et de conforter les salariéEs qui ont utilisé leur droit de retrait. Mais la direction a réagi en proposant deux primes défiscalisées de 300 € et de 350 € pour celles et ceux qui seront présents sur le site pour travailler dans la période de confinement. Une scandaleuse prime de « risque » que la CGT a dénoncée. Par ailleurs, les syndicats CFE-CGC et CFDT ont signé avec la direction un accord d’entreprise pour une réduction des personnels présents en salle pouvant aller jusqu'à 50 %. La CGT ne l'a pas signé. Outre qu’elle demande la fermeture temporaire du site, cet accord n'est pas contraignant sur la diminution des effectifs. Malgré cet accord et le développement du télétravail pour le personnel à la journée, c’est aujourd’hui près de 700 personnes qui sont amenées à se croiser en 24h et 300 qui sont présentes en continu sur le site. Sans compter le personnel des sous-traitants – en nombre important mais sur lequel la direction se garde bien de communiquer. Reste que les objectifs de production, eux, ne sont pas réduits de 50 %, ce qui a pour conséquence d'augmenter la pression sur les salariéEs présents et la charge de travail…
Vers un appel à la grève ?
A défaut de fermer l'usine, l’action du syndicat a obligé la direction à renforcer progressivement les mesures de protection des salariéEs : gel, masques, nettoyage, renforcement du télétravail… Mais malgré les mesures prises, il y a déjà, selon la direction, une cinquantaine de collègues sous contrat STMicroelectronics qui ont probablement contracté le Covid-19 (difficile d'être sûrs des chiffres notamment en l'absence de tests et d’information concernant les intérimaires et les sous-traitants). Aujourd’hui, la question d’un appel à la grève se pose surtout qu'en Italie où STMicroelectronics a des usines aussi, il y a eu une grève assez suivie la semaine dernière en Lombardie. Et puis parce que STMicroelectronics (dont les États français et italiens sont actionnaires à hauteur de 27%) va verser 220 millions de dividendes et a donc les moyens de financer un arrêt temporaire de la production tout en payant à 100% les salaires. Correspondante