Publié le Lundi 6 janvier 2025 à 11h20.

Politiques des drogues : où est passé le ministère de la Santé ?

Alors que le pouvoir macronien est extrêmement modéré lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux lobbies de l’alcool, il est au contraire adepte du tout répressif en matière de politique des drogues, et cela ne va pas en s’améliorant.

La dernière idée de Darmanin, désormais garde des Sceaux, en est une bonne illustration. En déplacement à Marseille, il a indiqué vouloir mettre en place un nouveau programme de mise à l’isolement en détention des « 100 plus grands narcotrafiquants ». Pourquoi 100 et pas 101 ou 99, mystère. Cela montre en tout cas le sérieux de la démarche. Il faut bien occuper l’espace médiatique, faute d’avoir des résultats dans la lutte contre « la Drogue ».

Opérations « Place nette XXL », un bilan désastreux

Il faut dire que le bilan des opérations « Place nette », devenues « Place nette XXL », n’est guère brillant. Le principe est simple : des quartiers populaires sont occupés quasi-militairement plusieurs jours d’affilée. Les effectifs de police et les autorités judiciaires sont mobilisés, le doigt sur la couture du pantalon, au détriment de véritables enquêtes, pour des résultats nuls ou presque en termes de saisies ou d’interpellations, qui n’ont, en passant, pas toutes à voir avec le trafic.

Ces opérations ne sont qu’un grossier outil de communication, qui stigmatisent encore une fois les quartiers populaires et leurs habitantEs.

Le ministère de la Santé aux abonnés absents

Les gouvernements qui se succèdent restent fidèles à une vision répressive et dépassée de la lutte contre le trafic et la consommation de drogues illicites. Le ministère de l’Intérieur est à la manœuvre tandis que les autorités de santé sont priées d’aller voir ailleurs. Ce sont les usagerEs qui en font les frais, la répression éloigne du soin et paralyse la prévention. Il faut absolument changer de logiciel, comme l’ont fait le Portugal ou le Canada, liquider la loi de 1970 qui régit la politique des drogues, dépénaliser l’usage de l’ensemble des produits psychoactifs, légaliser en premier lieu le cannabis et mettre en place un système de vente contrôlé par l’État, qui pourrait aussi permettre la réinsertion des personnes condamnées pour ILS (infraction à la législation sur les stupéfiants). C’est le sens d’une proposition de loi déposée par LFI et défendue avec conviction ces derniers jours par le député de Marseille, Sébastien Delogu, à qui nous apportons notre soutien.

Alex Bachman